Application mobile eTick : la plateforme s'étend à d'autres provinces

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Alors que les jours s'allongent et se réchauffent, et que de nombreuses provinces et territoires à travers le Canada commencent à assouplir les restrictions de confinement liées à la COVID-19, on s'attend à ce que de nombreux canadiens aillent profiter de nos beaux paysages tout en maintenant la distanciation sociale. Malheureusement, les tiques n'obéissent pas aux mesures de distanciation sociale et certaines espèces posent des problèmes de santé publique, d'où le développement de la plateforme eTick.ca décrite dans notre dernier article de blog. Après avoir étendu avec succès ses services du Québec au Nouveau-Brunswick et à l'Ontario en 2019, le projet eTick a lancé une application mobile ce printemps et a reçu un financement supplémentaire de l'Agence de santé publique du Canada pour étendre le projet au reste du Canada d'ici le printemps 2021. La première phase de cette expansion a consisté à étendre notre service à la Saskatchewan, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador en avril 2020.
Résumé de la saison 2019 au Nouveau-Brunswick, en Ontario et au Québec
Plus de 1300 tiques ont été identifiées par eTick en 2019 et affichées sur notre carte interactive publique. L'espèce la plus communément identifiée dans chaque province était Ixodes scapularis, la tique à pattes noires responsable de la transmission de la bactérie causant la maladie de Lyme. Une autre tendance est l'augmentation vers l'ouest de la proportion de soumissions de Dermacentor spp. (la tique américaine du chien ou la tique de l'orignal) et vers l'est de la proportion de soumissions d'Ixodes cookei (la tique de la marmotte). Plus de la moitié des spécimens ont été trouvés sur des animaux, en particulier des chiens. Pour les hôtes humains, les tiques ont été le plus souvent signalées chez de jeunes enfants (de 0 à 10 ans) et des adultes âgés de 31 à 70 ans. Après correction en fonction de la taille de la population de chaque catégorie d'âge au Canada, les groupes d'âge humains les plus souvent piqués dans les 3 provinces couvertes étaient les suivants : 31-40 et 41-50 (21% des soumissions corrigées chacun), 0-10 (18% des soumissions corrigées), et 51-60 (17% des soumissions corrigées).
Une nouvelle application pour la soumission rapide et facile de photos de tiques pour identification
Au début de la saison des tiques 2020, l'application eTick a été lancée sur l'App Store et Google Play. L'objectif principal de l'application est de permettre aux utilisateurs de soumettre rapidement une tique qu'ils viennent de trouver en pratiquant des activités de plein air. L'utilisation de fonctions GPS facilite et améliore la précision des informations concernant la localisation du lieu où la tique a été trouvée. Grâce à l'application, les utilisateurs qui pratiquent des activités de plein air peuvent désormais naviguer plus facilement sur la carte à partir de leur appareil mobile pour voir si des tiques ont été trouvées à proximité. Enfin, la plupart des fonctionnalités présentes sur eTick.ca sont également disponibles sur l'application eTick.
Un grand nombre de soumissions à ce jour en 2020
Le mois de mai est l'un des plus chargés en termes d'activité pour les tiques. Au 1er mai, eTick avait déjà identifié 300 tiques trouvées en 2020 et avait rendu ces données accessibles au public. Le 15 mai 2020, ce nombre avait presque quadruplé. Ces chiffres s'expliquent principalement par les nombreuses soumissions provenant du Saskatchewan et de l'Ontario. Par rapport à 2019, outre le nombre plus élevé de soumissions de tiques par habitant, on observe également une plus grande diversité de tiques en début de saison, avec par exemple plusieurs soumissions de Ixodes marxi (tique de l'écureuil) et Ixodes cookei (tique de la marmotte). La première est rarement rencontrée sur les humains et les animaux de compagnie, tandis que l'autre est plus fréquente pendant les mois de juin et juillet.
Comment les canadiens peuvent-ils se protéger des tiques pendant la saison 2020 ?
La meilleure façon de se protéger des tiques est d'éviter de se faire piquer. En suivant les recommandations de l'Agence de santé publique du Canada, les Canadiens peuvent prévenir les morsures de tiques. Les principales recommandations sont de porter des vêtements longs, d'appliquer des répulsifs à tiques et de vérifier la présence de tiques après avoir passé du temps à l'extérieur. En utilisant les plateformes eTick où elles sont disponibles, le public peut éviter les zones où des tiques ont été trouvées, en particulier dans les habitats où la végétation atteint la hauteur des genoux. Si une tique est trouvée sur une personne ou un animal domestique, il faut l'enlever immédiatement à l'aide d'une pince à épiler si la tique est ancrée dans la peau. L'étape suivante pour les résidents des provinces couvertes par eTick consiste à soumettre des photos de la tique en utilisant l'application eTick ou eTick.ca et à suivre notre guide photographique ou à regarder notre court tutoriel vidéo. Cette étape est désormais facilitée par l'application eTick au cas où une tique serait trouvée à l'extérieur. Dans un délai d'un jour ouvrable, l'utilisateur recevra un message contenant des informations sur la tique qu'il a trouvée, y compris des détails sur les agents pathogènes potentiels transmissibles aux humains et aux animaux domestiques, le cas échéant. La contribution des canadiens au projet eTick aidera les autres membres de la communauté à identifier les zones où des tiques ont été trouvées. Les autorités de santé publique pourraient également utiliser ces données pour des activités de surveillance spécifiques et pour détecter la présence de nouvelles espèces de tiques ou l'établissement de nouvelles populations à travers le pays.
À propos des auteurs
Pierre Chuard a obtenu son doctorat en écologie du comportement à l'Université Concordia de Montréal en 2017. Il travaille actuellement en tant qu'associé de recherche dans le laboratoire de la Prof. Jade Savage à l'Université Bishop's. Il est le coordinateur du projet eTick.ca, une plateforme web d'identification des tiques utilisant des photos soumises par le public pour mieux surveiller les populations de tiques au Canada. En collaboration avec des responsables de santé publique, ils visent à améliorer la prévention et la sensibilisation à l'exposition aux pathogènes à transmission vectorielle. Pierre est également professeur contractuel dans la même université où il enseigne des cours en écologie.
Jade Savage a obtenu son doctorat en entomologie à McGill en 2004. Elle est actuellement professeur titulaire à l'Université Bishop's où elle enseigne l'entomologie médicale, la taxonomie et la biodiversité des insectes et autres invertébrés depuis 2004. Son programme de recherche est en partie axé sur l'écologie, la taxonomie et la biodiversité des mouches muscoïdes, un groupe sur lequel elle a publié plus de 20 articles scientifiques. Plus récemment, elle a également travaillé sur le développement et la diffusion d'outils d'identification des arthropodes accessibles au grand public. Elle est l'instigatrice de eTick.ca, un projet de science citoyenne visant à surveiller les populations de tiques au Canada par l'identification d'images soumises par le public. Agriculture et Agroalimentaire Canada, l'Agence de la santé publique du Canada et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie financent actuellement la majeure partie de ses recherches.