Barrières physiques en milieu commercial pour la prévention et le contrôle des infections pendant la pandémie de COVID-19
Le maintien d’une distance sécuritaire sera essentiel à pratiquement toutes les activités sociales et économiques menées pendant la pandémie de COVID-19. Il y a toutefois de nombreux cas dans lesquels il est impossible de demeurer à deux mètres des autres, ou de se souvenir de le faire. Pour remédier à la situation, l’utilisation de barrières physiques transparentes a été largement recommandée par l’Agence de la santé publique du Canada, les CDC, l’Organisation mondiale de la Santé et bien d’autres organismes. Ces barrières sont souvent faites d’acrylique (plexiglas) ou de plastique polycarbonate, des matériaux plus légers, plus faciles à manipuler et beaucoup plus résistants aux impacts que le verre. Le présent document rassemble les propos de la santé publique et des acteurs de l’industrie pour dégager les pratiques exemplaires dans la conception, l’installation et l’entretien de cloisons transparentes permettant de protéger efficacement la santé publique.
Pourquoi utiliser des cloisons transparentes?
Les cloisons sont largement utilisées en santé et dans l’industrie alimentaire depuis des dizaines d’années, mais on en fait un usage tout autre dans la « nouvelle réalité » des affaires. Elles ont trois fonctions importantes : 1) intercepter les gouttelettes respiratoires qui transmettraient le virus; 2) renforcer les mesures d’éloignement physique, même lorsque les gens oublient ou refusent de les appliquer; 3) réduire la dépendance aux masques afin que les activités puissent se poursuivre en cas de pénurie et afin d’augmenter le confort des utilisateurs. Pour que ni le personnel ni les clients ne portent de masque, les cloisons doivent être conçues, installées et entretenues de manière à prévenir efficacement la propagation des gouttelettes (et des aérosols) d’un côté à l’autre.
Figure 1. Représentation d’une zone respiratoire.
Pratiques exemplaires dans la conception de cloisons transparentes
La caractéristique la plus évidente d’une cloison est ses dimensions. La cloison devrait couvrir une surface beaucoup plus grande que la zone respiratoire des utilisateurs (employés et clients). La zone respiratoire est la zone d’air qu’une personne utilise lorsqu’elle inspire et peut-être représentée par une sphère de 30 cm (12 po) de rayon dont le centre se trouve exactement entre les deux oreilles d’une personne. Ainsi, la hauteur de la cloison doit tenir compte de l’utilisateur le plus grand, et de la manière dont cette personne utilise la cloison ou s’en approche. Par exemple, si un utilisateur est debout et l’autre, assis, la cloison devrait tenir compte de la personne debout. Actuellement, de nombreuses cloisons vendues pour les bureaux ne sont pas assez hautes pour protéger complètement la zone respiratoire d’une personne assise.
La largeur de la cloison doit tenir compte du comportement des utilisateurs, notamment de la probabilité qu’ils se déplacent à côté de la barrière pour parler. Actuellement, les pratiques exemplaires dans l’industrie sont d’installer des cloisons aussi larges que la surface, le bureau ou le comptoir le permet. Certains fabricants offrent aussi des affiches ou des autocollants rappelant aux clients de rester derrière la barrière.
Les barrières transparentes doivent souvent comporter des ouvertures pour permettre des interactions limitées (comme faire passer un document ou un terminal point de vente). Ces ouvertures doivent être aussi petites que possible et leur position ne devrait pas compromettre la zone respiratoire des utilisateurs. Par exemple, si un utilisateur est debout et donne des documents à une personne assise, l’ouverture (habituellement 4 x 10 po) devrait être placée sur le côté plutôt que directement devant la personne assise. Dans certains cas, l’ouverture doit être plus grande (p. ex., pour passer des colis). Une petite porte coulissante ou un rabat en plastique flexible peuvent alors être utiles, mais devront être considérés comme des surfaces fréquemment touchées et être désinfectés pendant la journée comme les autres surfaces de ce genre (poignées de porte, terminal point de vente, etc.). Les cloisons visent à protéger la zone respiratoire des utilisateurs de la contamination par la respiration des autres. Il faut donc éviter les grilles et les ouvertures destinées à faciliter le passage du son.
Les cloisons sont habituellement fixées sur les surfaces (à l’aide de supports ou de pinces), autoportantes ou suspendues. Elles sont généralement conçues pour minimiser le passage de l’air à leurs extrémités. Certaines comprennent des panneaux latéraux qui peuvent être nécessaires à leur stabilité (modèles autoportants), mais qui peuvent aussi servir à mieux protéger la zone respiratoire de l’utilisateur. Ces panneaux peuvent être attachés par du PVC flexible ou par du ruban adhésif pour empêcher l’air de passer à la jonction des panneaux. Les cloisons suspendues, bien qu’elles soient plus esthétiques, peuvent commencer bien au-dessus du comptoir, laissant un grand espace permettant le passage de l’air. De plus, si la cloison peut se déplacer, l’air pourrait être balayé d’un côté à l’autre. Les cloisons suspendues peuvent aussi être plus difficiles à nettoyer (parce qu’elles ne sont pas fixées). Généralement, on choisit une cloison autoportante ou fixée à la surface, mais dans certaines circonstances (p. ex., pour un étalage de bijoux en verre), les cloisons suspendues sont inévitables.
Installation
Les cloisons devraient être installées de manière sécuritaire, en prenant soin de ne pas bloquer le passage de l’utilisateur en cas d’urgence. Les cloisons autoportantes ou sur roulettes, surtout si elles sont très grandes, devraient faire l’objet de précautions parce qu’elles peuvent être renversées. On peut utiliser des adhésifs temporaires pour s’assurer que les cloisons autoportantes restent en place.
Nettoyage et entretien des cloisons en acrylique
Parce que les cloisons interceptent les gouttelettes respiratoires, elles doivent être considérées comme des surfaces contaminées et nettoyées souvent, selon un protocole défini. Les cloisons qu’on ne touche pas doivent être nettoyées chaque jour, alors que les parties des cloisons qui sont touchées (p. ex., les rabats) devraient être nettoyées deux fois par jour, ou plus souvent si elles sont visiblement sales, comme pour les autres surfaces fréquemment touchées.
Santé Canada a publié une liste des désinfectants à utiliser contre la COVID-19. Cela dit, de nombreux désinfectants courants endommagent les surfaces d’acrylique ou de polycarbonate, provoquant des fissures ou les rendant moins transparentes. Les solutions nettoyantes proposées par les fabricants peuvent ne pas contenir de détergent ou d’autre ingrédient permettant de détruire le SRAS-CoV-2, le virus à l’origine de la COVID-19. Dans le doute, la surface devrait être nettoyée avec de l’eau et un savon doux. Si des linges en microfibre ou réutilisables sont utilisés pour nettoyer ou sécher la cloison, ils devraient être considérés comme contaminés et lavés entre chaque utilisation.
Résumé
Les barrières physiques, comme les cloisons d’acrylique ou de polycarbonate, offrent une protection limitée aux personnes partageant le même espace, d’abord en empêchant les gens d’être trop proches, puis en prévenant la propagation des particules ou des gouttelettes d’une personne dans la zone respiratoire d’une autre personne. Si une barrière physique est utilisée au lieu d’un masque dans les interactions de proximité, il est essentiel qu’elle soit assez large pour que les zones respiratoires des utilisateurs assis et debout soient protégées. Même lorsqu’elles sont conçues adéquatement, les barrières physiques doivent être utilisées avec d’autres mesures importantes de lutte contre les infections, comme le nettoyage de l’environnement, l’hygiène des mains, l’hygiène respiratoire et le port du masque pour les personnes malades (contrôle à la source). Les inspecteurs et les commerçants devraient consulter les lignes directrices de la santé publique de leur province pour comprendre comment les cloisons doivent être utilisées dans une stratégie de contrôle et de prévention des infections.
Messages clés
- Choisir des dimensions qui protègent la zone respiratoire de la plus grande personne utilisant la cloison. La zone respiratoire peut être représentée comme une sphère d’un rayon de 30 cm à partir du nez et de la bouche.
- Garder les ouvertures les plus petites possible et les placer en dehors de la zone respiratoire des utilisateurs. Il faut éviter les ouvertures et les grilles permettant un meilleur passage du son.
- Installer solidement la cloison, de manière à ce qu’elle ne puisse pas tomber. Ne pas bloquer les déplacements vers la sortie en cas d’urgence.
- Privilégier les cloisons fixées aux surfaces comprenant de petites ouvertures et des panneaux latéraux plutôt que les cloisons suspendues qui peuvent faire bouger l’air.
- Nettoyer les cloisons au moins une fois par jour avec de l’eau et un savon doux ou un désinfectant compatible. Jeter ou laver les linges utilisés lors du nettoyage.