Cyclistes : précautions à prendre en temps de pandémie
Ces derniers mois, on entend dire dans les médias qu’il y a de plus en plus de cyclistes dans de nombreuses villes canadiennes. On s’attend d’ailleurs à ce que le vélo demeure populaire durant les mois d’été, d’autant plus que des restrictions sont toujours en vigueur pour beaucoup d’activités physiques étant donné les risques de transmission communautaire du virus SRAS‑CoV‑2 (installations sportives et salles d’entraînement à accès restreint, etc.). Bien que le vélo soit un moyen de transport encouragé en temps de pandémie par des organismes comme l’Organisation mondiale de la Santé, certains ont émis des inquiétudes quant aux possibles risques de transmission du virus associés à cette activité.
Les risques de transmission du SRAS-CoV-2 à vélo
Quand les rues et les pistes se remplissent de cyclistes et de piétons, il peut devenir difficile de maintenir la règle d’éloignement sanitaire de deux mètres. Pour l’instant, la BC Cycling Association conseille aux cyclistes de se promener seuls là où il n’y a pas trop de monde et qu’il est facile de rester à l’écart des autres. Il est également recommandé de passer le plus loin possible des autres usagers qui viennent en sens inverse ou roulent dans la même voie. Certains articles préconisent le port du masque comme moyen de protéger les autres, mais plusieurs notent qu’on peut difficilement se couvrir le visage lorsqu’on fait du sport, puisque le couvre-visage devient imbibé de sueur et risque d’entraver la respiration.
Par ailleurs, certains se demandent si une distance de deux mètres est suffisante dans le cas du vélo. Un document de travail récent qui s’appuyait sur des modèles aérodynamiques pour analyser le vélo, la course et la marche a révélé que l’impulsion avant pouvait créer des « sillages » contenant des gouttelettes susceptibles d’atteindre des gens situés 20 mètres derrière un cycliste et 5 à 10 mètres derrière un coureur ou un marcheur. Plusieurs spécialistes de la médecine sportive et environnementale indiquent également que le volume et le rythme respiratoires liés à l’effort pourraient entraîner une propagation des gouttelettes à plus de deux mètres.
Pour déterminer si les cyclistes doivent pratiquer un éloignement sanitaire accru ou porter un masque, il faut poursuivre la recherche dans les environnements extérieurs que ceux-ci fréquentent. En particulier, il faudra obtenir des réponses aux questions suivantes :
- Quelle quantité de virus SRAS-CoV-2 viable peut-on retrouver dans un panache ou un nuage de gouttelettes respiratoires?
- À quelle distance les gouttelettes voyagent-elles?
- Quelle est la probabilité qu’un passant inhale une quantité suffisante de virus viable pour être infecté?
- Pour les cyclistes, quelle pratique spéciale liée au port du masque pourrait accompagner l’éloignement sanitaire?
Le recours aux services de vélopartage pourrait également poser des risques de transmission, puisque les vélos et leurs supports (guidons, cadenas, etc.) seraient susceptibles d’être des vecteurs de contamination. Pour l’instant, les données probantes sur la contamination par le biais de vecteurs passifs proviennent d’études expérimentales, mais les résultats nous donnent déjà des indications sur les conditions réelles. Par exemple, les constatations selon lesquelles le SRAS-CoV-2 peut demeurer viable pendant plusieurs jours sur le plastique et l’acier et pendant plusieurs heures sur l’aluminium ont orienté les conseils de protection personnelle (se laver et se désinfecter les mains, éviter de se toucher le visage) et les protocoles de nettoyage et de désinfection utilisés par les services de vélopartage et leurs clients.
Mesures pouvant assurer la sécurité des cyclistes durant la pandémie de COVID-19
Les ministères des transports, bien souvent en consultation avec les bureaux de santé publique, ont mis en place une série de mesures pour suivre l’augmentation du nombre de cyclistes : certaines voies de circulation ont été reconverties en pistes cyclables, tandis que des tronçons de rue ont été fermés aux véhicules motorisés. L’objectif de tout cela est de faire en sorte que cyclistes et piétons puissent garder une distance de deux mètres entre eux et d’éviter les collisions entre véhicules et cyclistes. Il y a eu des débats dans les médias quant à l’utilité de solutions de rechange comme l’élargissement des voies cyclables pour que les cyclistes soient étalés latéralement plutôt que de rouler à la file. Au meilleur de nos connaissances, de telles mesures n’ont pas encore été mises en place, mais les bureaux de santé publique recommandent cet étalement, conjugué au maintien d’une distance accrue entre cyclistes et coureurs. Certains services de vélopartage ont décidé de cesser leurs activités jusqu’à la fin de la pandémie pour réduire les risques de transmission. Ceux qui ont poursuivi leurs activités ont adopté des pratiques plus rigoureuses de nettoyage et de désinfection des vélos et de leurs supports, tout en recommandant des mesures de protection personnelle à leurs clients.
Avec le trafic cycliste accru, de nouvelles considérations pourraient devoir être envisagées. Comme les heures de déplacement suivent les heures d’ouverture des bureaux, le nombre de cyclistes pourrait être très concentré à certaines heures de la journée. C’est pourquoi il pourrait être nécessaire d’ajouter de nouvelles mesures comme l’accroissement des capacités (voies cyclables temporaires aux heures de pointe), des limites de vitesse pour distancier les cyclistes et des infrastructures supplémentaires pour l’entreposage sécuritaire (supports dans les endroits publics et près des écoles, salles dans les bureaux).
Résumé
Le cyclisme, de plus en plus populaire, est encouragé en tant qu’activité récréative extérieure saine et sécuritaire durant la pandémie de COVID-19. Cette activité est facilitée par l’agrandissement des espaces publics alloués aux promeneurs, mesure qui s’accompagne d’affiches et d’autres moyens de communication publique visant à faire en sorte que les usagers de la route et des pistes soient au fait des changements. Cela dit, le bien-fondé d’autres mesures plus restrictives, comme le port obligatoire du masque et un éloignement ou un étalement accru des cyclistes, n’a pas encore été confirmé par les données probantes, sans compter que ces mesures constitueraient des obstacles supplémentaires pour les planificateurs en transports.
Pour en savoir plus
Pour en savoir plus sur les mesures à prendre durant la pandémie, vous pouvez consultez ces sources :
- Le guide des voies cyclables urbaines (en anglais) de la National Association of City Transportation Officials (NATCO). On y applique les principes du design à quatre types de voies cyclables, d’intersections, de dispositifs de signalisation et d’affiches.
- Dornier, Pierre. « Cities look to cycling as the safe, socially-distanced way to travel. » Transport and Environment. 21 avril 2020. https://www.transportenvironment.org/news/cities-look-cycling-safe-socially-distanced-way-travel