Logements sains : Santé publique, coopératives et cohabitation 101
L’isolement social, un problème qui gagne en importante au Canada, est associé à des problèmes de santé comme la dépression, l’anxiété et le déclin cognitif chez les personnes atteintes de démence. L’isolement est également source d’issues négatives chez les patients atteints d’un cancer ou de troubles cardiovasculaires. La santé publique porte très peu attention au logement; pourtant, la construction d’habitations est une bonne occasion pour les praticiens en santé et les municipalités de mettre de l’avant la question de l’isolement social, une préoccupation grandissante en santé, lorsqu’on parle d’environnements bâtis sains.
Afin d’examiner plus en profondeur les bienfaits potentiels pour la santé de la vie en communauté, le Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique et le CCNSE ont récemment publié dans le Canadian Journal of Public Health un commentaire sur la promotion par les services de santé publique des coopératives et de la cohabitation [en anglais seulement].
Qu’est-ce que les communautés de cohabitation et les coopératives?
La particularité principale de ces complexes d’habitation est que les résidents planifient et gèrent la communauté en collaboration afin de créer des réseaux de soutien social. En Europe du Nord, de nombreux nouveaux quartiers sont construits selon les principes de la cohabitation. Les résidents de coopératives et de communautés de cohabitation peuvent être des familles nucléaires, des célibataires, des personnes âgées, des amis ou des familles multigénérationnelles.
La cohabitation est caractérisée par :
- un processus de construction participatif (bien que certaines communautés de cohabitation rénovent des bâtiments existants);
- la conception axée sur le voisinage;
- la gestion par les résidents;
- la présence d’installations communes;
- une structure non hiérarchique et la prise de décision partagée;
- des résidents et des familles qui ne soutiennent pas la communauté par une économie partagée.
Les coopératives sont semblables, mais sont habituellement gérées par un conseil d’administration ou un organisme sans but lucratif. Elles favorisent la diversité sociale, ethnique et économique.
Quels sont les bienfaits pour la santé?
Bien que les résidents de communautés de cohabitation aient souvent chacun leur unité d’habitation, ils partagent habituellement des tâches communes (p. ex., la garde des enfants), des espaces communs (p. ex., des jardins ou des espaces de travail) et des repas, ce qui favorise la création d’un sentiment d’appartenance, la confiance en soi et l’accomplissement de soi. De plus, peu importe leur âge, les personnes appartenant à une communauté d’habitation reçoivent plus de soutien social et de bienfaits pour leur santé [en anglais seulement] que celles qui vivent dans des quartiers plus traditionnels. Les personnes âgées ont tendance à rester plus longtemps dans leur maison lorsqu’elles habitent dans ce type de communauté.
Un peu comme dans les communautés de cohabitation, les résidents des coopératives s’occupent de l’entretien des aires communes et prennent soin les uns des autres par la livraison de nourriture, le jardinage ou l’entretien, par exemple. Les coopératives sont parfois construites pour des personnes exclues socialement, comme des personnes à faible revenu ou aux prises avec des troubles psychologiques ou physiques. Les résidents qui emménagent dans une coopérative remarquent souvent une amélioration importante de leurs sentiments de sécurité et de bien-être, et de leurs liens avec la communauté [en anglais seulement].
Point de vue autochtone
Au Canada, la population autochtone présente un risque élevé d’isolement social. Depuis la colonisation de l’Amérique du Nord, les habitations, particulièrement sur les réserves, ressemblent à celles qu’ont connues les colons et ne répondent pas nécessairement aux besoins des Premières Nations. Comme c’est le cas dans les communautés de cohabitation [en anglais seulement], la conception des maisons longues varie, mais elles sont habituellement composées de deux rangées d’habitations face à face et d’une aire commune au centre, où de nombreuses familles de plusieurs générations peuvent vivre à proximité tout en ayant leur espace personnel. De telles conditions de logement peuvent promouvoir le bien-être par le contact intergénérationnel et le partage culturel, en plus de fournir des espaces de travail et des outils pour les entrepreneurs ou les artisans.
Qu’est-ce que les services de santé publique peuvent faire?
Les services de santé publique et les municipalités peuvent encourager la vie en communautés de plusieurs façons :
- Intégrer les besoins sociaux aux dimensions physiques et économiques des normes relatives au logement.
- Définir et modifier les obstacles [en anglais seulement] à la planification et à la réglementation des logements non traditionnels.
- Encourager la cohabitation et les coopératives en finançant des projets ou en offrant des terres municipales à cette fin.
- Autoriser une densité accrue dans les communautés de cohabitation afin de financer des unités pour qu’elles soient louées ou vendues sous leur valeur marchande.
- Faciliter l’établissement de partenariats avec des organismes sans but lucratif pour soutenir la création de coopératives et de communautés de cohabitation.
La cohabitation et les coopératives ne sont pas une solution universelle à toutes les problématiques entourant l’isolement social et ne fonctionnent pas pour tous. Malgré tout, ces idées offrent aux praticiens de la santé publique et aux municipalités une manière intéressante de promouvoir la santé par la modification de l’environnement bâti.