Espaces verts et santé mentale : liens, répercussions et lacunes
Partout dans le monde, les troubles mentaux sont à l’origine d’un nombre important et croissant de mauvaise santé et de décès précoces : le fardeau qui leur est associé a augmenté de plus d’un tiers entre 1990 et 2010. Au Canada, c’est presque le tiers des habitants qui a souffert d’une maladie mentale au cours de sa vie. Selon une enquête menée par Statistique Canada, les maladies les plus courantes sont les troubles de l’humeur, notamment le trouble dépressif majeur et le trouble bipolaire (5,4 %), suivis par les troubles liés aux substances (4,4 %) et les troubles d’anxiété généralisée (2,6 %). Ces troubles nuisent souvent au mieux-être physique, émotionnel et social des personnes et sont à l’origine de la majorité des années vécues avec une incapacité à l’échelle du globe.
La nature chronique de bien des maladies mentales de même que leur incidence sur la capacité d’une personne à trouver et à maintenir un emploi à temps plein5 viennent ajouter au fardeau économique qui leur est associé, évalué en 2006 à plus de 52 milliards de dollars au Canada seulement. Les causes profondes des maladies mentales (et du mieux-être) sont liées, entre autres, à divers facteurs biologiques, socio-économiques et environnementaux. Une approche globale telle que celle défendue par la Commission de la santé mentale du Canada mise entre autres sur une évaluation de l’incidence des aspects environnementaux sur la naissance, la progression et le traitement des troubles mentaux. À cet égard, un important ensemble de données probantes a été colligé sur l’incidence sur la santé mentale de différents aspects des milieux bâtis et naturels, surtout en contexte urbain. Une des caractéristiques communes à ces milieux est la présence d’« espaces verts », soit des espaces naturels comme des parcs, des forêts et des jardins communautaires, qui détonnent au milieu des vastes étendues de béton, de briques et de verre qui composent la majorité des villes modernes. Nombreuses sont les villes, au Canada comme ailleurs, qui se sont engagées à fournir à leurs résidents un accès à des espaces verts de grande qualité, sans être toutefois motivées par les bienfaits potentiels d’un tel accès pour la santé publique. Il est nécessaire d’évaluer les données scientifiques portant sur la corrélation entre les espaces verts et la santé mentale afin de mieux orienter la création de collectivités durables et en santé.
Les principaux objectifs de cet examen sont les suivants :
- Décrire les principaux mécanismes par lesquels sont associés les espaces verts et la santé mentale et mettre en lumière les données probantes appuyant ces mécanismes.
- Évaluer les articles de nature épidémiologique revus par des pairs se penchant sur l’incidence des espaces verts sur la santé mentale des personnes en santé et de celles atteintes d’un trouble mental connu.