[ARCHIVÉ] La ferme porcine et son impact sur la qualité de vie des populations en milieu rural
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Les professionnels de santé publique sont de plus en plus concernés par les fermes porcines et leurs impacts sur la qualité de vie dans les régions rurales. Les impacts potentiels de ces fermes soulèvent des questions pour la santé environnementale. D’une part leurs impacts potentiels sont mis de l’avant par les citoyens au cours de débats publics sur la production porcine. D’autre part la présence de ces controverses soulève des préoccupations sur leurs effets psychosociaux potentiels. Une analyse de type systématique, à partir des résultats issus de 21 études sur les fermes de production animale, incluant les fermes porcines, montre que la qualité de vie dans un milieu de vie rural comparable aux Québec est largement discutée, particulièrement en termes d’enjeux pour le bien-être psychologique et social. Ces résultats montrent aussi que, à certaines conditions, les fermes porcines peuvent avoir un impact sur la qualité de vie des populations voisinantes lorsque certaines conditions sont réunies.
Impacts sur le bien-être social
La production animale, y compris la production porcine, et tout particulièrement celle de type industriel, aurait un impact sur le bien-être social des populations en milieu rural. Ces impacts se dégagent de façon relativement affirmée:
- La présence ou l’implantation de projets d’élevage animal de type industriel, dont les porcheries, serait en lien avec la présence de conflits, et augmenterait l’opposition et les tensions sociales. Cette opposition polariserait les relations et contribuerait à l’instauration de sentiments négatifs au sein de la communauté. Plusieurs raisons peuvent soutenir cette opposition, tandis que les liens de confiance entre agriculteur et citoyens paraissent les diminuer ;
- L’acceptabilité de la production porcine dépend de plusieurs facteurs et de leurs interrelations. Les élevages projetés seraient moins bien acceptés que les élevages déjà implantés et que la distance aurait une influence importante, surtout dans le cas de production porcine. De plus, le rôle du producteur au sein de la communauté ciblée par le développement jouerait un élément crucial dans l’acceptabilité sociale des projets ;
- Les citoyens issus des communautés rurales exposées éprouveraient davantage d’inégalités dans la répartition des inconvénients et des risques, y compris ceux liés à la santé, à l’environnement et à la QdV ;
- De manière générale, la production animale, lorsqu’elle est imposée aux citoyens, paraît engendrer une diminution de la confiance envers les institutions gouvernementales, et cela à tous les paliers, de même qu’envers la capacité de respect des normes en place.
Impacts sur la qualité de vie générale
Les impacts sur la qualité de vie globale semblent également clairs : la production animale, y compris la production porcine, aurait un impact négatif sur la qualité de vie perçue par les populations avoisinantes. Les odeurs sont la source d’exposition la plus notée quant à cet impact, mais n’est pas la seule. La proximité et l’âge constituent des facteurs contributifs à la force de cet impact.
Impacts sur le bien-être psychologique
Aucune tendance ne se dégage quant à la dimension de bien-être mental. Les résultats sont divergents en ce qui concerne les impacts possibles sur les états psychologiques ou sur la santé mentale des personnes exposées aux odeurs de fermes porcines, ce qui ne permet pas de conclure à ce sujet. Cependant, il demeure important de relativiser les conclusions liées à la dimension psychologique. Elles ont nécessairement des liens avec la dimension de bien-être social mise au jour. Les conflits qui sont présents dans une communauté et qui sont attribuables aux unités de production animale peuvent avoir des effets sur les craintes et sur le sentiment de sécurité d’un individu, tout comme sur ses sentiments de colère et de tension. Par ailleurs, des perceptions psychologiques de perte ou de manque de maîtrise peuvent avoir un impact sur la conception de la démocratie, sur l’augmentation des regroupements civils et sur la montée des revendications publiques.
Conclusion
Dans le cadre de cette revue systématique des écrits, les études répertoriées sur la question porcine suggèrent de nombreuses pistes de recherche. La question de la qualité de vie et des implications sociales liées à la production porcine sont les variables à documenter afin d’harmoniser la dyade résidents-producteur. La recherche doit également amener une compréhension plus approfondie des impacts liés à la santé humaine et au milieu d’exposition et une définition des cadres politiques menant à on acceptabilité sociale. Les résultats disponibles expriment donc autant des impacts possibles que des lacunes dans les connaissances sur la qualité de vie des populations en milieu rural exposées à une production porcine. Ces lacunes peuvent avoir un effet considérable sur la lecture des impacts sociaux et psychologiques de cette recension. Nous souhaitons tout particulièrement que soient mieux documentées les variables socio-communautaires et géographiques, de même que celles liées aux aspects techno-adminstratifs des productions étudiées. De même, il nous semble essentiel de définir plus précisément les concepts employés ainsi que leurs variables, et notamment le concept de qualité de vie.
Implications pour les pratiques et les politiques
À la lumière des résultats, force est de constater que la production animale suscite des conflits, des discussions et des préoccupations au sein de toutes les populations étudiées et la QdV réelle ou perçue s’en trouve affectée. Il nous apparaît donc nécessaire de gérer ces perceptions et ces inquiétudes. À partir des résultats disponibles via cette recension systématique des écrits, la communication et l’intégration sociale des projets, tout comme les questions de localisation, paraissent des solutions pertinentes. De même, il paraît nécessaire de mieux prendre en considération l’analyse des impacts sur la QdV, et ce d’abord dans leur dimension sociale, et ce dans les projets de recherche mais également dans les critères et le processus d’implantation des productions porcines. Nous recommandons enfin d’accroître l’intégration sociale des productions porcines et animales.