Les impacts du climat et des changements à l’aménagement du territoire sur les risques liés aux tiques


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Messages clés |
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Introduction
Il est généralement admis que la distribution géographique de nombreuses espèces de tiques est en expansion en raison du réchauffement climatique, de la migration des animaux hôtes et de la fragmentation des terres par la déforestation et l’urbanisation d’étendues forestières en parcelles plus petites1-4. Selon les projections climatiques, la distribution des tiques progresserait vers le nord de 35 à 55 km par année3. Plusieurs espèces de tiques – un arthropode – sont des vecteurs d’une grande variété de pathogènes bactériens, viraux et protozoaires transmissibles à l’humain et à d’autres espèces animales5, 6. Alors que la distribution des tiques vectrices augmente au Canada, le potentiel d’exposition aux maladies émergentes transmissibles par les tiques augmente aussi. Le présent document vise à détailler les facteurs environnementaux pouvant contribuer aux risques liés aux tiques. Il s’agit du second document d’une série de quatre portant sur les risques liés à l’exposition aux tiques au Canada. La première revue, intitulée « Tiques au Canada : état des lieux et risques sanitaires » se trouve ici.
Méthodologie de recherche documentaire
La présente recherche sur les tiques, le changement climatique, les changements à l’aménagement du territoire et l’écologie environnementale se base sur l’étude de publications universitaires et de publications parallèles. Un ensemble de sources anglaises pertinentes a été tiré des bases de données suivantes : Web of Science, PubMed et Google Scholar. Les publications examinées comprennent des publications parallèles et des rapports produits par des établissements universitaires et des gouvernements. Même si la période de recherche allait principalement de l’an 2000 à nos jours, nous avons utilisé quelques publications déterminantes antérieures. Nous avons également ajouté d’autres sources repérées à partir de celles retenues ou qui en faisaient mention.
Pour faire partie de la sélection, les articles, rapports et sites Web devaient traiter des tiques et d’au moins un des sujets suivants : changement climatique, changement à l’aménagement du territoire, morcellement des forêts ou écologie environnementale. Les noms latins et courants des pathogènes et des tiques vectrices ont été inclus dans les recherches. La majorité des publications portaient sur des régions des États-Unis où les tiques sont endémiques depuis bien plus longtemps. Lorsque possible, nous avons mis de l’avant les publications portant sur les provinces et les territoires du Canada. Les publications concernaient principalement la maladie de Lyme; toutefois, les mêmes considérations liées à l’environnement, à l’aménagement du territoire et au climat s’appliqueraient aux autres maladies transmises par les tiques.
Notre sélection définitive inclut 85 sources, chacune analysée et synthétisée par une même évaluatrice. La liste complète des termes recherchés et des résultats est disponible sur demande.
Résultats
Environnements naturels accroissant le risque d’exposition aux tiques
Le risque d’exposition aux tiques et potentiellement aux maladies transmises par les tiques est proportionnel au temps qu’une personne passe à l’extérieur dans les habitats favorables aux populations de tiques ou à leurs hôtes. Les tiques ont besoin d’animaux hôtes pour survivre et se reproduire. Même si les tiques sont considérées comme des généralistes et peuvent se nourrir d’une grande diversité d’espèces, les données probantes semblent indiquer que les rongeurs, les oiseaux et les cerfs seraient des hôtes courants pour la reproduction et la migration en Amérique du Nord7-10. Tout environnement favorable à ces hôtes peut donc être considéré comme un habitat des tiques.
Les différents types d’habitats influencent le risque d’exposition aux tiques. En Amérique du Nord, on trouve couramment des tiques dans les aires boisées avec des feuilles mortes au sol, les hautes herbes et les strates arbustives, de même que le long des lisières des forêts ou à l’intérieur d’habitats végétalisés sous le couvert forestier11-16. Les aires boisées constituent l’habitat optimal pour les tiques, car les feuilles mortes au sol, les hautes herbes et les arbustes créent un microclimat favorable (de petites régions où les caractéristiques climatiques diffèrent des régions voisines) qui les protège des variations de température et des phénomènes météorologiques extrêmes17. La couche d’humus (entre la surface du sol et les feuilles mortes) en particulier favorise la survie des tiques durant l’hiver en les protégeant des grands froids18-22. Même si l’on peut trouver des tiques dans les forêts de feuillus comme dans les forêts de conifères (voir l’encadré 1), les forêts de feuillus semblent présenter un plus grand risque d’exposition aux tiques en raison d’une plus grande abondance de feuilles mortes au sol23, 24. Les troncs d’arbres et les rondins tombés des forêts de feuillus fournissent aussi des habitats favorables, particulièrement pour Ixodes pacificus25. Les petits terrains boisés, y compris ceux dans les zones résidentielles, peuvent également abriter des tiques; ces dernières se retrouvent fréquemment dans les feuilles mortes au sol et dans la végétation basse le long des écotones des forêts (la zone de transition entre les habitats forestiers et non-forestiers)9,14,26. C’est aussi dans cette zone de transition entre les aires naturelles et l’environnement bâti que se trouvent les sentiers où les gens pratiquent souvent des loisirs9.
D’autres environnements moins étudiés peuvent aussi offrir des habitats favorables aux tiques. Par exemple, dans le cadre d’une étude récente menée en Californie, des chercheurs ont déterminé que les régions côtières peuplées d’arbustes peuvent constituer un habitat favorable pour les hôtes de tiques et y ont trouvé des tiques porteuses de pathogènes du genre Borrelia27. Cette découverte met en évidence le biais causé par la recherche de pathogènes transmissibles par les tiques uniquement dans les habitats classiques d’aires boisées et de prairies, alors qu’en réalité, les tiques peuvent se retrouver dans n’importe quel habitat permettant de soutenir la relation hôte-vecteur27. Maintenant que la distribution géographique des tiques est en expansion, il est possible qu’elles s’établissent dans de nouveaux habitats n’ayant jamais été étudiés si les conditions leur sont favorables. Un tel biais pourrait mener à des expositions aux tiques inattendues et fait ressortir le besoin de surveillance pour tous les milieux.
Encadré 1 : Habitats de feuillus comparativement aux habitats de conifères |
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Considérations relatives à l’environnement bâti influençant les populations de tiques
Le changement des tendances en matière d’aménagement du territoire contribue significativement à l’augmentation des flambées de maladies zoonotiques dans le monde29. Des transformations des milieux naturels peuvent créer des habitats favorables aux tiques et à leurs hôtes, et sont liées à une plus forte activité des tiques et à une augmentation potentielle des contacts avec les tiques et des maladies transmises par les tiques23,30-36. La densité de population des tiques et leur progression sont influencées principalement par les changements à l’environnement bâti et le morcellement des forêts (fragmentation des étendues forestières en parcelles plus petites, à cause de l’activité humaine).
Changements à l’aménagement du territoire
Même si les milieux naturels sont les habitats principaux des tiques, les changements à l’aménagement du territoire des milieux ruraux, urbains et suburbains, où les gens vivent, travaillent et pratiquent des loisirs, offrent de plus en plus de milieux favorables aux tiques. Les aménagements urbains accélérés dans les aires boisées créent des réseaux de petits terrains boisés (ou des îlots) qui établissent une connectivité écologique avec les habitats naturels environnants, facilitant ainsi la migration des tiques dans les zones résidentielles7. Par exemple, les milieux aménagés et dotés d’un couvert forestier offrent un habitat favorable aux tiques et aux animaux hôtes qui empêche le dessèchement des tiques, facilitant ainsi leur survie et leur déplacement vers les zones résidentielles et les espaces verts urbains7. Les piles de rondins et de broussailles dans les zones résidentielles, les plantes ornementales et les grands terrains offrent aussi des habitats favorables aux tiques, ce qui accroît le potentiel de contact7, 26. Les tiques peuvent également être déplacées sur de longues distances par les oiseaux migrateurs et se disperser dans de nouveaux environnements urbains et suburbains23, 37.
Dans le Nord-Est des États-Unis, où Ixodes scapularis est endémique, le risque d’exposition aux tiques et aux maladies transmises par les tiques dans les environnements bâtis avec des espaces verts dotés de sentiers avec une végétation abondante et de réserves naturelles associées équivaut à celui du plus haut nombre de cas rapporté dans des environnements naturels pour le reste du pays38. Yuan et ses collègues (2020) ont trouvé des tiques porteuses de pathogènes dans des terrains de jeu d’écoles et des parcs de l’État de New York39. De telles recherches font ressortir l’expansion des tiques vers des zones endémiques diversifiées et du besoin de programmes de surveillance active des environnements bâtis alors que les contacts avec les tiques deviennent plus fréquents au Canada.
Tous les environnements bâtis ne sont cependant pas favorables aux tiques. Il a été montré que certaines caractéristiques des milieux et certaines pratiques d’aménagement, comme les sols dénudés et la pelouse rase autour des parcs, aident à réduire les populations de tiques8,15,26,40,41.
Il y a une tension entre l’objectif d’accroître et de promouvoir la biodiversité et les espaces verts en milieu urbain et celui de réduire les risques d’exposition aux tiques42. Il est clair que l’environnement bâti et l’aménagement paysager ont une influence sur les populations de tiques dans les milieux urbains et suburbains, particulièrement si l’on tient compte des pressions exercées pour accroître les espaces verts et les jardins pour les pollinisateurs et par les mouvements de remise à l’état sauvage. De telles initiatives sont importantes pour les pollinisateurs, les services écosystémiques et les efforts de conservation, et pour appuyer les efforts de la santé publique encourageant les gens à passer du temps en nature et à faire des exercices cardiovasculaires34,40,43. Elles peuvent toutefois accroître le risque d’exposition aux tiques et aux maladies transmises par les tiques44, 45. La relation n’est pas bien caractérisée; elle est probablement non-linéaire et interdépendante, des facteurs qui font ressortir l’importance d’étudier le problème selon l’approche interdisciplinaire « Une seule santé »46. Ce manque de connaissances mériterait au minimum d’autres recherches alors que les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéraux priorisent de plus en plus le développement de parcs et d’autres espaces verts comme les jardins de pollinisateurs.
Morcellement des forêts
La fragmentation des terres et le morcellement des forêts sont causés par la déforestation et l’urbanisation d’étendues forestières en parcelles plus petites35. Pendant longtemps, la transition de forêts vers des terres agricoles et la collecte de bois de chauffage dans le Nord-Est des États-Unis a entraîné une réduction de la population de cerfs de Virginie et probablement restreint le déplacement des espèces de tiques. Par la suite, la croissance de la population humaine a entraîné une transition des milieux agricoles vers des milieux suburbains. Cette transformation du paysage a eu pour effet de créer des habitats favorables au cerf de Virginie, ce qui a permis un accroissement des populations, entraînant à son tour un accroissement des populations de tiques47,48.
L’ajout de routes et de sentiers dans les aires boisées a créé un réseau de petits terrains boisés, altérant du coup l’écodynamique vecteur-hôte et les modèles spatiaux, ce qui a facilité les mouvements des hôtes le long de nouvelles trajectoires49,50. Alors que le morcellement des forêts a de nombreuses répercussions écologiques, la compréhension des interactions entre les tendances humaines et les habitudes de déplacement vecteur-hôte est essentielle lorsque l’on considère l’écologie des hôtes (comme les cerfs et les rongeurs). Le morcellement des forêts peut :
- Accroître la densité des populations de cerfs. Les habitats de lisière créés par le morcellement des forêts sont favorables aux cerfs en raison de l’absence de prédateurs et des possibilités de recherche de nourriture qu’ils offrent l’hiver51-53.
- Réduire la diversité des espèces. Le morcellement des forêts entraîne une perte d’habitats, réduisant ainsi la diversité des espèces. Cette réduction engendre à son tour l’accroissement des populations de souris à pattes blanches (une espèce hôte dominante dans les petits terrains boisés et un réservoir compétent de maladies transmises par les tiques)30,51,52,54,55. Fait intéressant, il a été montré que la biodiversité des hôtes vertébrés réduit la prévalence d’infections par les nymphes; il y aurait donc une possibilité de réduire la prévalence de maladies transmises par les tiques en appuyant les efforts de préservation de la biodiversité55, 56.
- Accroître le potentiel d’exposition humaine aux tiques. Le morcellement des forêts crée plus de possibilités de contacts humains avec les tiques en raison des propriétés résidentielles ou des sentiers sillonnant les habitats de lisière53.
Bien qu’il y ait généralement une corrélation positive entre le morcellement des forêts et la densité des tiques et la prévalence des infections transmises par les tiques30, 57, les recherches montrent aussi une incidence plus faible de la maladie de Lyme dans les milieux morcelés, malgré des densités de tiques plus élevées, illustrant ainsi l’existence d’autres facteurs contextuels d’exposition humaine51. Par exemple, l’écodynamique petits prédateurs / proies du coyote et du renard roux s’est révélée un meilleur prédicteur de la maladie de Lyme à New York que l’abondance de cerfs58. D’autres recherches sont nécessaires pour caractériser la relation réelle entre le morcellement des forêts, la diversité des hôtes et les maladies transmises par les tiques dans différents contextes51,54,57.
Populations de tiques et changement climatique
Les effets de l’évolution des priorités en aménagement urbain sur l’expansion des populations de tiques en Amérique du Nord se voient complexifiés et amplifiés par le changement climatique, une tendance qui va en s’amplifiant1, 59. Aux États-Unis, on s’attend à ce que le nombre de cas de maladie de Lyme augmente de 20 % d’ici une ou deux décennies en raison du changement climatique60. Au Canada, on prévoit que les tiques progresseront vers le nord de 35 à 55 km par année3. Toujours en raison du changement climatique, on prévoit aussi un accroissement des températures et une évolution des régimes de précipitations, ce qui pourrait mener à des phénomènes météorologiques extrêmes comme des inondations ou des sécheresses18, 34. L’incidence exacte de ces changements sur l’abondance des tiques dépendra du microclimat et de la géographie de tout habitat, et on prévoit qu’elle aura des effets directs et indirects (p. ex., en modifiant les populations hôtes) sur les populations de tiques. D’autres recherches et analyses seront nécessaires pour mieux comprendre les conséquences de ces événements sur l’établissement de populations de tiques dans les milieux et le rétablissement de celles-ci à la suite de phénomènes météorologiques extrêmes.
Influences environnementales directes
Les répercussions du changement climatique sur la température, l’humidité, les précipitations et l’augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes ont une influence directe sur la distribution géographique des tiques.
Température : Le cycle de vie et la mortalité des tiques sont influencés par la température. L’augmentation de la température dans les environnements tempérés et froids peut accélérer la maturation des nymphes ainsi que raccourcir le cycle de vie, accroître les populations de tiques et allonger leur durée d’activité1,34,61. Des températures plus élevées peuvent aussi accroître le nombre de jours par année et le nombre d’heures par jour où les tiques peuvent rechercher et acquérir un hôte18. Des augmentations de température soutenues peuvent aussi entraîner une expansion vers le nord et l’établissement d’espèces de tiques non indigènes61-63. À l’inverse, une augmentation de la température dans des environnements déjà arides peut réduire l’activité des tiques et accroître la mortalité par dessiccation, et ainsi entraîner des changements évolutifs18,24,34.
Des variations dans les réponses aux changements de température peuvent être observées selon les espèces de tiques vectrices. Les espèces du genre Dermacentor ainsi que Amblyomma americannum et Haemaphysalis longicornis tolèrent mieux les stress environnementaux et peuvent survivre dans des environnements plus chauds et secs7, 11. Même si ces espèces ne sont présentement pas établies au Canada, elles pourraient devenir endémiques en raison du réchauffement climatique soutenu. Les tiques du genre Ixodes sont plus sensibles aux variations de l’environnement et préfèrent les habitats plus humides, par exemple sous les feuilles mortes au sol ou le couvert forestier11. Les espèces de tiques peuvent aussi adapter leur comportement aux conditions environnementales défavorables en modifiant leurs niveaux d’activité18. Par exemple, le taux de mortalité de certaines populations d’Ixodes scapularis a augmenté en raison de sécheresses. Pour s’y adapter, elles ont réduit leur niveau d’activité par temps chaud et sec et se sont réfugiées dans la couche d’humus, sous les feuilles mortes au sol, pour réduire la probabilité de dessication18,21,64. Cette caractéristique leur permet aussi de se protéger des températures froides et de réduire la mortalité, les tiques étant capables de rechercher des habitats isolés (neige, couche d’humus) favorisant la survie hiémale18, 22. De tels changements de comportement peuvent accroître ou réduire les cycles de transmission de maladies, tout dépendant du scénario64.
Humidité : Une humidité relative élevée peut accroître le taux de survie des tiques à des températures plus élevées65-67. Cela entraîne un accroissement de l’activité de recherche d’hôtes, menant ainsi à un meilleur succès reproducteur, à une réduction de la mortalité et à un effet sur la densité de population totale18,21,34,68. Dans les régions où l’humidité est constamment élevée, la période d’activité des tiques durant la journée se voit prolongée comparativement aux habitats plus secs24,68,69. L’humidité relative est aussi extrêmement variable selon le microclimat. Cela entraîne une variabilité spatiale dans les effets de l’humidité sur les populations de tiques68.
Précipitations : Des précipitations accrues peuvent réduire les niveaux d’activité des tiques et, par conséquent, ralentir le développement des nymphes1, 34. Certaines prédictions montrent cependant que les précipitations peuvent favoriser l’établissement de populations endémiques de tiques3. D’autres recherches seront nécessaires pour mieux comprendre l’influence des précipitations totales sur les populations de tiques.
Phénomènes météorologiques extrêmes : Des phénomènes comme les inondations et les sécheresses peuvent diminuer les populations de tiques en occasionnant une mortalité directe ou une réduction du comportement de recherche d’hôtes, ou en limitant la disponibilité des hôtes18,19,44,70-72. Les inondations peuvent recouvrir les habitats des tiques de limon, alors que des températures supérieures à 30 °C peuvent réduire les niveaux d’activité des tiques durant l’été, entraînant une réduction subséquente des niveaux d’activité durant l’automne et l’hiver44.
Les changements météorologiques et le réchauffement climatique ont aussi le potentiel d’accroître les habitats favorables dans les terrains canadiens alors que les tiques progressent vers le nord et vers des altitudes plus élevées1,18,34,73,74. Même si l’on peut observer une certaine variabilité dans l’influence des facteurs climatiques sur les espèces de tiques et leur cycle de vie, l’accroissement des températures est le prédicteur le plus important de l’établissement des populations de tiques et d’habitats potentiels puisque la température exerce une influence prédominante sur le cycle de vie et la mortalité des tiques3, 18. Peu de recherches ont été menées sur l’effet combiné de la température, de l’humidité et des précipitations sur le cycle de vie des tiques75. Par exemple, lorsque les températures sont plus élevées et que l’humidité relative est basse, Ixodes scapularis recherchera des hôtes à des altitudes plus basses76. D’autres recherches seront nécessaires pour mieux comprendre les effets des interactions entre les facteurs climatiques sur les processus populationnels et écologiques.
Influences indirectes
Le changement climatique peut aussi avoir des effets indirects sur l’activité des tiques, car il entraîne des répercussions sur les espèces hôtes en modifiant leurs habitats. Comme ces dernières sont essentielles au cycle de vie des tiques, l’influence indirecte principale s’exercera sur la disponibilité et l’abondance des populations hôtes ainsi que sur l’alternance de l’écodynamique prédateur-proie, qui peuvent toutes être liées aux répercussions du changement climatique sur les habitats3,18,32,77,78. Par exemple, les populations de cerfs de Virginie (un hôte connu d’espèces de tiques) se concentraient principalement le long de la frontière sud du Canada, mais on prévoit qu’en raison du changement climatique, leur distribution géographique progressera de 100 km vers le nord le long des corridors riverains, jusque dans la forêt boréale albertaine, au cours des 50 prochaines années77.
Les phénomènes météorologiques extrêmes continus (inondations) peuvent réduire les habitats favorables aux tiques (p. ex., les dépôts de limons dégradent les habitats des tiques), diminuer l’activité des tiques et accroître leur mortalité par prédation18,32,77,79,80. Ils peuvent aussi modifier les habitudes de déplacement des populations hôtes. De tels phénomènes météorologiques peuvent enfin modifier les aménagements urbains et les comportements des humains dans les habitats des tiques (p. ex., les activités récréatives, la cueillette de champignons et les pique-niques)78.
Le véritable impact du changement climatique est difficile à déterminer, considérant les nombreuses permutations possibles des variables dépendant de l’ampleur et du contexte qui influencent les microhabitats3. Des recherches montrent que la distribution géographique des tiques est en expansion, mais que les changements dans les densités des tiques et les taux d’infections causées par des agents pathogènes ne sont pas uniformes81. Des cartes du risque d’espèces de tiques spécifiques (Ixodes scapularis) au Canada suggèrent que des populations endémiques de tiques pourraient s’établir dans les régions du sud du Canada, à l’est des montagnes Rocheuses et plus au nord82-84. Ces données fournissent un récit utile pour les initiatives de santé publique. Toutefois, les changements favorisant les climats et les habitats propices ne feront qu’accroître les risques de maladies transmises par les tiques1. Par conséquent, d’autre recherches sont justifiées pour prédire avec exactitude le risque posé par les tiques et les maladies transmises par les tiques au Canada et pour mieux comprendre les mouvements migratoires des hôtes, l’établissement des tiques vectrices dans les environnements canadiens et les relations complexes sur les plans épidémiologique et écologique3,78,85.
Résumé
La transformation des paysages, le morcellement des forêts et le changement climatique peuvent accroître les populations de tiques et les risques associés. La transmission de maladies par les tiques fait partie d’un cycle complexe formé de vecteurs, d’animaux hôtes et d’humains; elle est modulée par plusieurs facteurs dépendant du contexte social et écologique. On sait que : 1) l’expansion géographique d’espèces de tiques vers les régions nordiques et leur potentiel de transmettre des maladies continuent de poser un risque au Canada, alors qu’elles progressent vers le nord à une vitesse de 35 à 55 km par année; 2) le changement climatique et les changements des aménagements paysagers (y compris le développement des banlieues, qui entraîne le morcellement des forêts et l’aménagement paysager d’environnements bâtis) offriront de nouveaux habitats favorables aux espèces de tiques3. Les plus grands prédicteurs de l’établissement de populations de tiques dans de nouveaux lieux géographiques sont les facteurs climatiques (particulièrement la température) et la disponibilité de populations hôtes. Considérant que le cycle de vie des tiques dépend d’animaux hôtes pour la survie et la reproduction, il n’est pas surprenant que la distribution géographique de celles-ci soit liée intrinsèquement à l’écologie des hôtes.
Les relations sont toutefois complexes et dépendent d’un large éventail de facteurs sociaux et écologiques qui varient selon le contexte et l’ampleur. D’autres recherches, menées selon une approche interdisciplinaire ou le concept « Une seule santé », devront être menées pour caractériser les influences exercées par le changement climatique, les changements à l’aménagement du territoire et le morcellement des forêts sur la densité des populations de tiques et la prévalence des maladies transmises par les tiques et ainsi mieux comprendre les déplacements des hôtes, l’établissement des tiques vectrices dans les milieux canadiens et les liens épidémiologiques et écologiques complexes. Plus précisément, notons parmi les lacunes en recherche : 1) l’influence des synergies entre les facteurs climatiques sur l’expansion et la survie des espèces de tiques; 2) les effets du morcellement des forêts sur les populations de tiques dans divers contextes écologiques et sociaux; 3) le rôle joué par les efforts d’accroissement de la biodiversité, de conservation et de remise à l’état sauvage dans l’établissement d’habitats favorables aux tiques.
Cette revue réitère aussi l’importance des programmes de surveillance des habitats considérés comme non classiques pour les tiques. L’absence de mesures d’atténuation du changement climatique accentue le besoin pour les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéraux de tenir compte des recherches fondées sur des données probantes, de la santé environnementale et des risques associés aux tiques dans les politiques urbaines, les efforts de verdissement urbain, la planification de l’aménagement paysager et les communications en matière de santé. En comprenant quelles caractéristiques des environnements et de l’aménagement paysager sont corrélées à l’abondance de tiques, nous serons mieux renseignés pour planifier et diffuser des messages de santé publique visant à réduire les risques d’exposition aux tiques et la charge de morbidité.
Remerciements
L’auteure aimerait remercier les membres du personnel du CCNSE suivants : Leah Rosenkrantz, Ph. D., Anne-Marie Nicol, Ph. D., Lydia Ma, Ph. D., et Sarah Henderson, Ph. D., pour leurs conseils dans l’élaboration de cette revue, ainsi que Michele Wiens pour son aide à la recherche documentaire. Elle souhaiterait aussi remercier Stefan Iwasawa, du Centre for Coastal Health (CCH) et du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, et Colin Bates, Ph. D., de l’Université Quest du Canada, qui ont révisé le présent document.
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Auteur
[Traduction française à venir]
Dr. Negar Elmieh
BSc, University of Victoria; MS & MPH, Tufts University; PhD, University of British Columbia
Dr. Negar Elmieh is a Professor at Quest University in BC, Canada. She is an interdisciplinary researcher and educator and an advocate for health and environmental issues. Her interests lie at the intersection of environmental health and risk communication with a focus on emerging and re-emerging infectious diseases.