Quelles sont les données probantes sur l’applicabilité et l’efficacité des interventions de santé publique visant à réduire la morbidité et la mortalité durant les épisodes de chaleur?

Jump to
Les épisodes de chaleurs sont liés à une gamme diversifiée d’effets nocifs sur la santé tels qu’une mortalité excessive ainsi que de nombreux symptômes qui figurent sous la dénomination de « maladies liées à la chaleur » au sens large du terme. Ces effets sont surtout dévastateurs pour les populations les plus vulnérables, comme les aînés, les individus socialement isolés et les sans-abri, toutefois nous encourons tous des risques à des degrés divers. Cette incidence négative de la chaleur sur la santé continue de représenter un problème important et il est vraisemblable qu’il le sera encore plus dans l’avenir, compte tenu des prévisions d’évolution météorologique liée aux changements climatiques.
L’objet de cette étude consiste à faire la synthèse de l’état des connaissances actuelles et à fournir aux praticiens l’information pertinente relative à la politique et à la pratique, en insistant sur la preuve de l’applicabilité et de l’efficacité des interventions de la santé publique dans ce domaine.
Peu de travaux ont été effectués sur l’efficacité des interventions, en raison principalement des difficultés relatives à l’évaluation. Il n’existe pas de définition type pour un épisode de chaleur ou une maladie liée à la chaleur. Les épisodes de chaleur sont des événements rares avec des incidences variables sur des populations et des régions géographiques différentes. En raison des différences entre deux épisodes de chaleur, la difficulté est d’attribuer les incidences sur la santé aux interventions par rapport aux différences climatiques ou à la conception de l’étude. En général, plusieurs interventions sont mises en œuvre plutôt qu’une seule, d’où la difficulté à effectuer une évaluation correcte. C’est pourquoi un rôle important doit être dévolu aux stratégies à long terme telles que les changements environnementaux.
Dans les constatations de l’évaluation, une grande partie de la population savait qu’un épisode de chaleur extrême s’était produit en raison des informations diffusées par les médias. Toutefois, moins de la moitié de la population concernée a déclaré avoir changé de comportement face à cette information. Cela a été attribué à la perception qu’ils n’appartiennent pas à un groupe vulnérable, ainsi qu’à une certaine confusion sur la signification de ces informations et sur les actions à entreprendre. Cela incluait des groupes à haut risque, comme les aînés. Il n’est même pas certain d’ailleurs, que cette information ait été portée à la connaissance des plus vulnérables (p. ex., les populations socialement isolées et les sans-abri).
Les systèmes d’alerte de santé en cas de chaleur (SASC) et les interventions de la santé publique qui y étaient associées ont contribué à une baisse de la mortalité. Il n’a pas été toutefois possible d’établir une relation de cause à effet entre les interventions spécifiques et la baisse de la mortalité. Il n’a pas non plus été possible de déterminer quelles interventions ont protégé quel groupe vulnérable. Les effets des interventions sur la morbidité ont été positifs mais limités à une seule étude. Certaines interventions donnent de bons résultats dans certaines communautés, mais d’autres peuvent être moins efficaces. Par exemple, de nombreux aînés dans les grandes villes ne se sentent pas en sécurité pour quitter leur domicile la nuit afin d'aller dans un centre d'urgence climatisé. Par contre d’autres groupes d’âge ou individus dans des quartiers différents n’ont pas le même problème. C’est la raison pour laquelle les autorités locales doivent mettre en place des interventions adaptées à leur communauté.
Recommandations : 1) développement d’un centre d’information national avec des directives relatives à la définition d’un épisode de chaleur, à la mise en place d’un SASC local et à des suggestions sur les interventions potentielles au niveau de la santé; 2) coordination des évaluations des plans de réponse à la chaleur au niveau national; ainsi que le développement d’un cadre de référence avec des critères préliminaires qui pourraient s’appliquer à un certain nombre de sites de santé publique sélectionnés qui ont des plans d’interventions pour les problèmes liés à la chaleur, afin d’utiliser leur expérience comme cadre d’évaluation.