Recommandations pour les enquêtes collaboratives sur les éclosions de maladies d'origine alimentaire


Messages clés |
|
Glossaire
Terme | Définition |
Professionnel de la santé publique environnementale (PSPE) | Personne travaillant dans le domaine, la science ou la profession de la santé publique environnementale ayant obtenu son certificat de CISP(C). |
Évaluation environnementale | Inspection des installations de production, de transformation et de préparation des aliments pour y repérer les sources potentielles de contamination et en évaluer la conformité à la réglementation sur la sécurité sanitaire des aliments. Elle peut comprendre des entrevues avec le personnel de l’alimentation, les propriétaires et les exploitants. L’accent est mis sur la détermination de la source de la maladie d’origine alimentaire. |
PSPE débutant | PSPE ayant peu, voire aucune expérience en contexte d’enquêtes sur les éclosions de maladies d’origine alimentaire. Il peut s’agir d’étudiants inscrits à un programme agréé de PSPE, de nouveaux diplômés, d’inspecteurs de la santé publique non certifiés et d’inspecteurs nouvellement certifiés ne participant pas régulièrement à des enquêtes sur des éclosions. |
Introduction
Le système alimentaire d’aujourd’hui évolue rapidement1. Au 21e siècle, les aliments viennent de plus en plus des quatre coins du monde et sont distribués par des systèmes émergents comme le commerce en ligne, ce qui complique la détection, les enquêtes et le contrôle lors d’éclosions de maladies d’origine alimentaire (MOA)1. Pour y faire face, la santé publique devra accélérer, simplifier et mieux coordonner ses enquêtes pour repérer et retirer du marché les aliments contaminés2.
Les professionnels de la santé publique environnementale, ou PSPE (souvent appelés inspecteurs de la santé publique et agents de santé environnementale) sont des membres essentiels des équipes d’enquêtes collaboratives sur les éclosions de MOA. Durant une enquête typique, ils réalisent les évaluations environnementales des établissements alimentaires, prélèvent les échantillons pour les analyses en laboratoire, mènent des entrevues avec des cas et des contacts et utilisent les données sur les éclosions et les conclusions des enquêtes pour orienter les mesures de maîtrise. Le processus d’enquête et de maîtrise des éclosions exige toutefois l’apport de nombreuses disciplines, notamment la médecine clinique, l’épidémiologie, l’analyse en laboratoire, la microbiologie alimentaire et la gestion des risques3. Pour mener des enquêtes efficaces, les PSPE doivent donc posséder une connaissance pratique des nombreuses disciplines liées à la sécurité sanitaire des aliments et de solides aptitudes pour la collaboration. Ceux qui débutent pourraient tout particulièrement avoir besoin de plus d’expérience et de formation pratique dans ces domaines.
Ce document, dernier de trois articles sur les enquêtes collaboratives sur les éclosions de MOA au Canada, s’intéresse au rôle des PSPE. Le premier portait sur le rôle des technologies émergentes dans le soutien aux enquêtes sur les flambées de maladies d’origine alimentaire4, tandis que le second décrivait les rôles et les responsabilités lors d’enquêtes collaboratives sur les éclosions de MOA5. Le second document dressait la liste des compétences principales des PSPE qui participent aux enquêtes, présentait les difficultés liées au cloisonnement des communications dans l’exécution de programmes de santé publique, insistait sur l’importance de l’intervention après l’éclosion et proposait une liste d’outils sur les éclosions de MOA. Le présent document s’appuie sur des recommandations d’intervenants clés pour ajouter à la liste d’autres ressources et documents de formation sur les éclosions de MOA et les maladies transmissibles.
Il met aussi en lumière les difficultés actuelles liées aux interventions dans les cas d’éclosions de MOA et fait état de plusieurs possibilités dont on pourrait tirer profit pour soutenir les PSPE lors des enquêtes. Bien que le contenu porte principalement sur les besoins des PSPE, il présente aussi des exemples, des difficultés et des possibilités qui pourraient profiter au large éventail de professionnels de la santé publique qui collaborent aux enquêtes.
Méthodologie
Le présent document analyse 20 entretiens avec des intervenants clés réalisés entre octobre 2022 et janvier 2023 auprès d’experts en santé publique d’autorités de santé fédérales, provinciales et régionales qui avaient de l’expérience avec les enquêtes sur les éclosions de MOA. Les entretiens, enregistrées sur la plateforme Zoom, portaient sur les diverses possibilités et difficultés que soulèvent les enquêtes sur les éclosions, de l’échelle régionale à l’échelle internationale. Les participants ont été recrutés d’abord lors du Congrès national annuel de l’Institut canadien des inspecteurs en santé publique (ICISP), puis par une campagne promotionnelle dans le bulletin de septembre du CCNSE, l’utilisation des listes de diffusion du Congrès national de l’ICISP et la méthode d’échantillonnage en boule de neige6. Les participants ont fourni un consentement écrit au début de l’entretien dans un formulaire Microsoft dont le lien a été fourni. Pour préserver la confidentialité, nous avons remplacé les noms des participants par un code ([P2], [P14]) dans les transcriptions finales anonymisées. Pour dégager et interpréter les concepts liés aux difficultés et possibilités soulevées par les enquêtes, nous avons effectué une analyse thématique inductive7 sur les transcriptions. Nous avons utilisé la version 4.9.0 du logiciel de recherche qualitative ATLAS.ti Web pour navigateur (© 2023, ATLAS.ti Scientific Software Development GmbH) pour simplifier l’analyse des données. Pour toute information sur les méthodes employées dans le cadre de l’analyse environnementale, du sondage et des entretiens avec les intervenants clés, notamment la sélection des participants et la réalisation des entretiens et des transcriptions, consulter la description dans les documents précédents de la série5. La liste complète des syntagmes de recherche et la méthodologie de l’étude sur l’analyse environnementale sont disponibles sur demande.
Résultats
Les intervenants clés travaillaient pour des autorités de santé publique régionales (n = 13), provinciales (n = 4), des Premières Nations (n = 1) et fédérales (n = 2). La plupart des participants étaient des inspecteurs de la santé publique (ISP) certifiés de l’Ontario, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Parmi les participants qui n’étaient pas des ISP se trouvaient une infirmière autorisée et quatre épidémiologistes principaux. Les titres de postes étaient les suivants : ISP, agent de santé environnementale (ASE), ISP ou ASE en maladies transmissibles, gestionnaire, ASE principal, épidémiologiste principal et consultant en maladies transmissibles. Plus de la moitié des participants ont indiqué avoir occupé plus d’un rôle (p. ex., ISP et gestionnaire, PSPE généraliste ou PSPE spécialiste) au cours de leur carrière. Tous les participants ont rapporté avoir de l’expérience dans plus d’une catégorie de gestion des éclosions de MOA (de l’échelle régionale à internationale).
Habiletés et compétences uniques aux PSPE
La plupart des participants ont souligné les particularités du programme éducatif agréé, de la formation pratique et de l’expérience sur le terrain qui font en sorte que les PSPE sont des professionnels idéalement qualifiés pour participer aux enquêtes sur les éclosions de MOA. Le document Éclosions de maladies d’origine alimentaire : rôles et responsabilités5 souligne qu’en tant qu’intervenants locaux, les PSPE sont essentiels au succès de l’intervention en cas d’éclosion. Comme l’expliquait un participant, ils assurent une « présence sur le terrain » [P9] capable de mettre en contexte l’enquête sur l’éclosion de MOA. Un autre participant [P12] était du même avis et notait d’ailleurs que « de comprendre et de continuer à découvrir la population que l’on sert est, je pense, pas mal important » [P12]. Les participants ont aussi reconnu que les PSPE se distinguent par leur spécialisation en santé publique environnementale, leurs connaissances sur la sécurité sanitaire des aliments et l’attribution des sources et leurs liens avec les collectivités.
« Les inspecteurs de la santé publique sont incomparables pour ces enquêtes… puisque c’est l’environnement qui a toujours été l’objet et la portée de leur fonction, et non les patients. » [P12]
De plus, les participants ont indiqué que les liens déjà établis avec la collectivité aident à éliminer les obstacles, à assurer la liaison avec les partenaires communautaires et à obtenir l’information nécessaire lors d’enquêtes sur des éclosions.
« [Les PSPE] sont plus aptes à faire tomber les obstacles à la communication là où on a peur des autorités… Ils font de meilleurs intermédiaires avec leurs partenaires dans les collectivités, en raison des liens qu’ils ont créés. » [P14]
Il a aussi été mentionné que les PSPE étaient parfois exclus des processus d’enquête sur des éclosions de MOA malgré leurs compétences uniques. Par exemple, un des participants a insisté sur le fait que les PSPE, « qui sont formés en attribution des sources, devraient mener les enquêtes sur les maladies entériques; je trouve de plus en plus frustrant qu’ils soient mis de côté lors de telles enquêtes » [P2].
Besoins de perfectionnement professionnel des PSPE débutants
Les participants ont dégagé plusieurs compétences d’enquête sur les éclosions de MOA qu’ils jugent essentielles au succès des PSPE débutants. En premier lieu, ils ont noté que l’école doit enseigner aux PSPE les méthodes d’enquête sur les maladies transmissibles et les éclosions, que l’expérience compte et que les PSPE débutants ont besoin de formation et de mentorat (voir le tableau 1). Ils ont ensuite nommé plusieurs ressources et du matériel de formation répondant aux besoins de perfectionnement professionnel et de formation (voir le tableau 2).
Les PSPE ont besoin d’une base de connaissances solide en sécurité sanitaire des aliments et de se tenir au courant des tendances émergentes
Les participants ont insisté sur la nécessité pour les PSPE d’avoir une base solide en « sécurité sanitaire des aliments » [P7] et en « maladies d’origine alimentaire » [P12], et une « connaissance des maladies transmissibles, des pathogènes classiques présents dans les aliments et de leur mode de transmission » [P8]. Les PSPE doivent aussi rester à l’affût des « nouveaux éléments de sécurité sanitaire des aliments responsables d’éclosions » [P1]. Enfin, un participant a aussi évoqué qu’ils devraient avoir des connaissances « de niveau intermédiaire en épidémiologie » [P18].
Les PSPE doivent savoir comment mener des évaluations environnementales
Les participants ont signalé que le succès d’une intervention en cas d’éclosion repose sur d’excellentes compétences d’enquête, particulièrement l’aptitude à mener des évaluations environnementales, de même que de prise de note et d’évaluation des risques. La capacité de faire la distinction entre les inspections de conformité de la sécurité sanitaire des aliments et les évaluations environnementales a été relevée par plusieurs participants :
« Le manque de connaissance des nuances entre une inspection de routine et une enquête [évaluation environnementale] en cas d’éclosion; en gros, il s’agit essentiellement de remplir une liste de vérification pour indiquer si l’établissement est conforme, alors que [dans le cas d’une éclosion], il y a beaucoup d’entrevues, c’est un travail concret d’enquête différent de l’inspection, qui observe ce que l’on voit à cet instant précis, alors que dans une éclosion [une évaluation], vous savez, vous tentez plutôt de brosser le portrait de ce qui s’est passé. » [P2]
L’expérience compte : les PSPE débutants ont besoin de formation et de mentorat
Les participants ont souligné l’importance de l’expérience pratique, des programmes d’éducation formelle et du perfectionnement professionnel pour les PSPE débutants. Toutefois, la perte de PSPE expérimentés causée par les départs à la retraite, le redéploiement ou le roulement du personnel en raison des demandes liées aux interventions contre la COVID-19 a créé des lacunes dans les possibilités de mentorat et d’encadrement.
« Avant, nous avions notre propre formation interne en sécurité sanitaire des aliments, que notre personnel avait l’habitude de suivre. Maintenant, il n’y a vraiment plus aucune formation, seulement du bouche-à-oreille. Nous avons aussi perdu beaucoup d’employés d’expérience pendant la pandémie, qui ont choisi d’orienter différemment leur carrière ou pris leur retraite. » [P3]
Les participants ont dégagé les caractéristiques personnelles que les PSPE débutants devraient cultiver. Ils doivent être à l’aise « de vivre avec les zones grises » [P19], leur rôle lors d’enquêtes exigeant une souplesse et une adaptabilité à des environnements changeants. Il leur est aussi utile de développer une « détermination à toute épreuve » [P19] pour ne pas abandonner les pistes. Les participants ont également noté que les éclosions de MOA sont des incidents complexes faisant appel à une variété d’aptitudes et de domaines d’expertise. Par conséquent, les enquêteurs, y compris les PSPE, doivent accepter « le fait qu’ils devront demander de l’aide » [P8], confirmant l’importance d’avoir une approche coordonnée et « de solides aptitudes de collaboration, parce qu’il faut travailler en équipe multidisciplinaire lors d’éclosions » [P14].
Difficultés actuelles lors d’interventions en cas d’éclosions de MOA
Le tableau 3 présente en détail les difficultés relevées au cours des entretiens avec des intervenants clés. Cette section aborde les thèmes principaux dégagés à propos des difficultés actuelles dans les interventions en cas d’éclosion de MOA.
Structure de la santé publique régionale
Plusieurs participants ont rapporté des problèmes de communication et de coordination lors d’éclosions causés par le cloisonnement de l’information au sein du personnel de la santé publique. Plus précisément, il y aurait des problèmes de communication entre les PSPE spécialisés en sécurité sanitaire des aliments et ceux en maladies transmissibles (MT) :
« Une partie du problème réside dans la communication entre les équipes des maladies infectieuses et de la sécurité sanitaire des aliments. » [P2]
« Parfois, beaucoup de PSPE permanents en santé environnementale connaissent mal le rôle des PSPE en MT, ou ce qu’ils font concrètement. » [P10]
« Dans le cadre d’enquêtes sur des environnements alimentaires communautaires, [le] programme en MT s’occupe de la gestion de l’éclosion, alors que celui en santé environnementale entre dans les cuisines pour les inspecter. » [P5]
Les différences entre les autorités de la santé dans les approches et les attentes, et même entre bureaux de santé voisins, ont aussi été mentionnées comme un problème important de coordination. Quelques exemples :
« Ils s’attendent à ce qu’on laisse tout tomber pour se précipiter porter une trousse d’échantillonnage de selles lorsque quelqu’un téléphone pour dire “Je crois que je suis tombé malade après avoir mangé à tel endroit” s’il se trouve sur notre territoire. Nous n’avons pas les ressources pour un seul cas; si deux ou plus sont associés à un établissement, alors oui, absolument, nous le prioriserons. » [P7]
« Je pense que beaucoup d’organismes de santé travaillent chacun de leur côté. Si les choses étaient un peu plus standardisées, il serait possible de les enseigner à l’université pour que tous puissent connaître le domaine. » [P5]
Rapprochement des sources de données conflictuelles
Un des défis intéressants soulevés lors des entretiens avec les intervenants clés est la juxtaposition des données environnementales, épidémiologiques et de laboratoires qui peut avoir lieu dans le cadre d’une enquête. Si les renseignements provenant du public sont précieux, le manque de connaissance sur les MOA de la population peut rendre leur interprétation difficile. Quelques exemples :
« La réticence des participants… un exemple : la mère d’un jeune enfant qui avait une infection à E. coli dira “non il ne peut pas avoir été exposé à la maladie à la maison, il ne s’est jamais approché d’animaux”, pour découvrir tout d’un coup que “oui, le père dirige un parc d’engraissement”. » [P11]
« Ça me surprend, mais on dirait que les gens ne savent pas ce que sont les maladies d’origine alimentaires et que leur première question est toujours “quel médicament puis-je prendre?” Ils veulent toujours un médicament. » [P16]
Il peut aussi être difficile de prendre en compte les différentes sources de données probantes, tout comme de déterminer le niveau de données probantes nécessaire pour agir :
« Alors, j’ai interrogé ces personnes qui m’ont répété encore et encore qu’elles adoraient [un exemple]; je n’avais jamais entendu autant de gens me dire qu’ils aimaient [un exemple]. Pendant les deux mois qui ont suivi, j’ai participé à plusieurs téléconférences interprovinciales où je mentionne que [un exemple] serait responsable. Un autre organisme avait cependant effectué un traçage de la source de la distribution et affirmait que ça ne pouvait pas être le cas. Et une semaine plus tard, ils ont soudainement réalisé que ça pourrait certainement être [un exemple]. Il nous a fallu quelques mois pour vraiment convaincre les gens que [un exemple] était probablement responsable, et nous avons dû émettre une alerte indiquant que nous ignorions quelle était la source de [l’aliment]… Le processus pour tenter de convaincre les gens du danger était frustrant parce que les statistiques ne pointaient pas [un exemple] comme responsable. » [P8]
De plus, les participants ont également cité le manque d’échantillons cliniques comme un des problèmes lors d’intervention en cas d’éclosion. « Ils sont allés chez le médecin, qui leur a dit qu’ils avaient une intoxication alimentaire », mais [P18] « probablement quatre-vingt-dix pour cent des cliniciens voyant une personne présentant les symptômes classiques d’une maladie d’origine alimentaire ne prélèveront pas d’échantillon » [P7].
Il a aussi été noté par les participants qu’il est rare que l’on réussisse à identifier la source et/ou l’agent pathogène d’une éclosion de MOA :
« Pour un grand nombre d’éclosions, la probabilité de réussites est plus faible que ce à quoi l’on pourrait normalement s’attendre, même si vous avez des douzaines et des douzaines de cas, en particulier pour la maladie pour laquelle on assure un suivi. Vous savez où on peut la trouver? Dans un milliard d’aliments différents. La difficulté est alors de cibler la source ou d’obtenir suffisamment de données pour prouver qu’un certain aliment [est la source]. » [P8]
Comme le mentionne le premier document de la série4, de nombreuses cliniques et certains laboratoires de santé publique sont passés à l’analyse rapide sans culture, ce qui signifie qu’il y a peu (ou qu’il n’y a plus) de demandes pour le traitement d’isolats provenant de patients atteints d’une MOA. Il s’agit d’un obstacle majeur à l’utilisation des analyses de laboratoire dans le cadre d’enquêtes sur les éclosions de MOA. Cela fait également ressortir l’importance de la capacité d’associer les échantillons environnementaux, alimentaires et cliniques; en son absence, les enquêteurs peuvent être obligés de ne s’appuyer que sur les données épidémiologiques et les renseignements recueillis lors des enquêtes sur la sécurité sanitaire des aliments investigation, sans possibilités de corroboration par des analyses de laboratoire.
Décentralisation des ressources et des modèles sur les éclosions et incohérences dans la collecte de données
Les participants ont dégagé plusieurs thèmes liés aux données sur les éclosions, dont des difficultés liées à la collecte, à l’uniformité des outils d’entrevue et à l’obtention du consentement pour les appels de suivi. La majorité des participants ont insisté sur l’importance de la qualité des données. « Un des problèmes est la qualité des données… elle est pauvre, ce qui se répercute sur notre capacité à dépister les grappes et les éclosions, puisqu’il nous manque souvent beaucoup de renseignements. » [P1]
De nombreux participants ont remarqué que beaucoup d’intervenants ignorent l’existence de la boîte à outils pour les éclosions entériques du Centre de collaboration nationale des maladies infectieuses (CCNMI) et du Centre de collaboration nationale en santé environnementale (CCNSE) ainsi que d’autres ressources sur les éclosions et qu’ils préfèrent s’appuyer sur de la documentation interne plutôt que du matériel publié, attirant ainsi l’attention sur la diversité des approches d’interventions en cas d’éclosions de MOA. Comme le disait un participant : « Je ne crois pas bien connaître les ressources mentionnées. Je pense que nous n’utilisons habituellement que nos documents internes. » [P10] Un autre expliquait que « c’est une chose d’avoir accès à ces excellents outils, mais si personne ne les utilise ou n’est formé à leur utilisation, ils deviennent alors inutiles » [P2].
Les participants ont toutefois exprimé un intérêt pour des ressources plus standardisées et facilement accessibles sur les éclosions de MOA. Un participant a mentionné la centralisation des données sur la pandémie de COVID-19 comme exemple à imiter :
« Pour tout ce qui concerne la COVID-19, je me tourne vers le site Web [provincial]. Tout y est : les documents, les consignes. C’est un guichet unique… il faudrait quelque chose de similaire. » [P5]
Diffusion insuffisante des enseignements tirés
Les participants ont évoqué la nécessité d’explorer les possibilités de diffusions des interventions en cas d’éclosion et des connaissances acquises, particulièrement à l’échelle régionale, les éclosions interprovinciales et internationales faisant souvent l’objet de rapports diffusés ultérieurement. Ils ont toutefois noté plusieurs obstacles à la rédaction et à la diffusion de résumés d’éclosions. L’un des plus importants est le besoin d’allouer du temps et des ressources à la rédaction des résumés ainsi qu’à la publication et à la diffusion des enseignements tirés :
« Chaque éclosion de maladie d’origine alimentaire ne me laisse que peu de temps pour rédiger un résumé. Je me dis que celle-là ferait un résumé… qui traîne toujours dans ma boîte de réception six ou sept ans plus tard. » [P7]
« Ce serait bien d’avoir plus de ressources… on pourrait donc attirer plus d’attention comme [PSPE] pour écrire sur nos réalisations et sensibiliser le grand public… parce que nous faisons un travail fantastique. » [P9]
« C’est intéressant parce que lorsque nous sommes en train de terminer l’enquête avec nos outils… lorsque nous avons saisi les renseignements, nous recevons un résultat du laboratoire, qui identifie parfois le sous-type… nous mettons à jour l’information et c’est la fin de l’histoire. Nous ne faisons jamais un suivi avec la personne pour lui dire “voici ce que vous avez eu exactement et c’est [là] que vous l’avez contracté”, parce que nous savons que certaines sous-espèces sont plus prévalentes dans certains aliments… » [P16]
Le document Éclosions de maladies d’origine alimentaire : rôles et responsabilités5 explique l’importance de la communication des risques et de la diffusion des enseignements tirés lors d’éclosions, deux éléments sur lesquels insistent plusieurs politiques et manuels. Les entrevues avec des intervenants clés ont aussi relevé que les bilans sur les éclosions constituent un outil d’apprentissage important, particulièrement pour les PSPE débutants :
« … parce que comme unité collective, comme groupe, nous tirons des enseignements des bilans. Je pense que les personnes expérimentées, les vétérans et d’autres sentent peut-être qu’ils n’en ont pas vraiment besoin parce qu’ils connaissent déjà l’information. Mais je crois qu’il est important que les personnes qui sont en début de carrière dans le domaine de la santé publique puissent tirer des enseignements du processus complet et assister aux discussions collectives pour enrichir leur expérience. » [P9]
Être à l’affût des tendances émergentes en sécurité sanitaire des aliments
De nouvelles tendances alimentaires émergent continuellement. Être à l’affût de leurs implications pour la sécurité sanitaire des aliments représente un autre défi pour les PSPE spécialisés en enquêtes sur les éclosions de MOA. Comme le disait l’un des participants : « Comment pouvons-nous nous tenir à jour à propos des tendances alimentaires émergentes pouvant être responsables d’éclosions? » [P1] Ils ont aussi mentionné une hausse des risques à la sécurité sanitaire des aliments posés par les services de traiteurs à domicile ainsi que la diversité globale des sources d’aliments, ce qui complexifie l’attribution des sources et les enquêtes sur les éclosions : « Le trajet n’est plus aussi direct de la ferme à l’assiette; ce que l’on mange peut maintenant provenir de pays multiples » [P2].
Discussion
Les PSPE sont idéalement qualifiés pour contribuer activement aux enquêtes sur les éclosions de MOA
Les intervenants clés ont mis de l’avant le rôle intégral joué par les PSPE dans les équipes d’enquêtes sur les MOA. Les PSPE reçoivent une formation axée sur la santé publique environnementale et une formation pratique, et ils ont une expérience sur le terrain. De plus, ils sont essentiels au succès de l’intervention en cas d’éclosion, car ils sont capables de comprendre la collectivité touchée et possèdent une compréhension fine de la sécurité sanitaire des aliments et de l’attribution des sources. Pour contribuer aux trois volets des enquêtes sur les éclosions de MOA, les PSPE doivent développer et maintenir des compétences d’enquête en : 1) santé environnementale; 2) épidémiologie; 3) laboratoire5, 8. Pour ce faire, il faudra des efforts concertés et continus entre les programmes universitaires agréés, l’ICISP et les employeurs afin de répondre aux besoins en éducation et en formation des PSPE appelés à réaliser des enquêtes sur des MOA.
Compétences professionnelles des PSPE débutants lors d’interventions en cas d’éclosion de MOA
Les participants ont fait part de la difficulté pour les PSPE débutants d’acquérir de l’expérience sur les éclosions, en raison de leur caractère sporadique, particulièrement pour les autorités de santé de plus petite taille. En outre, les éclosions ne sont pas synchronisées avec les affectations. Les intervenants clés ont aussi noté que les PSPE débutants doivent développer des compétences en matière d’éclosion, comme les entrevues de cas et d’exploitants, les entrevues dirigées et les évaluations environnementales. Les observations concordent avec l’étude de Torok et ses collègues, qui ont dressé une liste de plusieurs priorités pour la formation des professionnels en santé environnementale, à savoir les évaluations environnementales, les compétences d’entrevue, l’observation et la revue de dossiers et la pensée critique9. Compte tenu de la complexité des interventions en cas d’éclosion, l’une des aptitudes les plus importantes citées dans l’étude était toutefois la capacité de reconnaître quand on a besoin d’aide et d’en faire la demande.
Les participants de cette étude ont signalé qu’il faudrait intégrer plus d’occasions d’apprentissage sur les éclosions, notamment en effectuant plus d’études de cas et de simulations durant la scolarisation et de la formation sur le terrain offerte à toutes les personnes participant à des interventions en cas d’éclosion de MOA, en particulier les PSPE. Les compétences sur les éclosions devraient faire partie de tous les programmes de formation sur la santé publique, particulièrement ceux qui sont agréés pour les PSPE9, 10.
Des études sur les enquêteurs de la santé publique ont déterminé que des ressources de formation supplémentaires sur les enquêtes en cas d’éclosions étaient nécessaires9, 11, notamment sur les entrevues, les outils d’entrevue standardisés, les stratégies pour surmonter les obstacles culturels et linguistiques et la mise en œuvre de l’approche à un intervieweur11. Plusieurs ressources sont actuellement disponibles (voir le tableau 2). Un exemple est la formation disponible sur demande sur les techniques d’entrevue de cas les enquêtes sur les éclosions de maladies entériques (p. ex., exercices sur table) pour les écoles et les autorités de santé publique produite par la Division de la gestion des éclosions de l’Agence de la santé publique du Canada’s (ASPC). Les simulations d’éclosions et les exercices sur table peuvent favoriser le développement de compétences et la collaboration pendant l’intervention3. Un autre exemple est le défi Foodborne Outbreak Challenge organisé par le Colorado Integrated Food Safety Center of Excellence de la Colorado School of Public Health12, 13, que les universités ou les employeurs pourraient adapter comme occasion de perfectionnement de compétences sur les éclosions.
Le travail sur le terrain offre aux étudiants l’occasion d’appliquer leurs connaissances scientifiques dans un contexte réel. C’est pourquoi la possibilité de travailler avec des PSPE dans le cadre d’enquêtes sur des éclosions de maladies d’origine alimentaire leur serait bénéfique, car elle leur offrirait une expérience pratique sur la détection, l’enquête et l’intervention lors d’une éclosion. Les autorités de santé publique devraient s’employer à offrir aux PSPE débutants de l’expérience sur les éclosions de MOA pendant leurs stages et au début de leur carrière, notamment en mettant sur pied des programmes de mentorat. Là où les éclosions se font plus rares, les organismes de formation devraient proposer des simulations d’éclosion comme celle mentionnée précédemment et demander aux étudiants de suivre des modules de formation sur les éclosions comme ceux énumérés dans le tableau 2.
Les participants ont aussi relevé des exemples d’organismes provinciaux et fédéraux qui appuient la formation des PSPE sur les interventions en cas d’éclosion, y compris en leur permettant d’approfondir leurs connaissances sur les techniques de laboratoire et l’élaboration d’outils consacrés à des éléments particuliers. Quelques exemples du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique : diagramme d’aide à l’évaluation de maladies liées aux fruits de mer14, formulaire de déclaration de cas d’infections par vibrions15. Ces formations ont vu le jour en réponse à des demandes de perfectionnement de compétences du terrain. Les autorités de santé publique régionales et les associations professionnelles (p. ex., ICISP) devraient continuer à travailler avec les partenaires de santé publique provinciaux et fédéraux pour cerner les besoins et favoriser la prestation de formations auprès des enquêteurs de la santé publique.
Occasions de participer aux enquêtes collaboratives sur les éclosions de MOA
Les enquêtes sur les éclosions de MOA sont de nature collaborative en raison de leur complexité; elles exigent la contribution d’une grande diversité de compétences et de forces. Quelques difficultés liées aux communications, à la collecte et à la standardisation des données et à la diffusion de l’information entravent toutefois la collaboration efficace lors d’interventions. Les sections suivantes aborderont ces difficultés et présenteront des occasions de favoriser une participation efficace et collaborative des PSPE aux enquêtes.
Structure de santé publique régionale
Une collaboration et une communication efficaces entre les autorités de santé publique, l’industrie et les autres intervenants sont essentielles pour la détection et l’intervention dans le cadre d’éclosions de maladies d’origine alimentaire. La communication des risques doit comprendre un échange d’information avec tous les intervenants, ce qui peut parfois être difficile en raison des intérêts concurrents et de l’expertise variable des divers intervenants.
L’analyse des modèles d’exécution des programmes de santé publique utilisés par les divers bureaux de santé déborde du cadre du présent document. Elle illustre toutefois que la spécialisation (le cloisonnement) des modèles d’exécution des programmes peut nuire à la collaboration lors d’enquêtes sur les éclosions de MOA. De tels problèmes peuvent être résolus par des politiques robustes et par des stratégies de communication et de coordination8,9,11. Les autorités de santé qui proposent des programmes spécialisés auraient avantage à mettre en œuvre des rotations périodiques du personnel et/ou des formations multidisciplinaires pour maintenir les compétences d’enquêtes en MOA des PSPE, et la disponibilité des effectifs lors d’éclosions sans égard aux autres demandes (p ex., pandémies futures, roulement de personnel).
Collecte et standardisation des données
Il n’y a actuellement pas de standardisation dans les méthodes utilisées pour la détection, l’enquête et l’intervention en cas d’éclosion de maladies d’origine alimentaire. Or, leur succès repose sur une communication et une coordination efficaces2, 9. Le manque de standardisation peut aussi nuire à la collecte et à la diffusion rapide des données entre les autorités de santé, ralentissant ainsi l’intervention pour gérer l’éclosion et entravant la mise en œuvre des mesures de maîtrise. Plusieurs ressources sont présentées au tableau 2 pour soutenir le perfectionnement des enquêteurs de la santé publique, offrir des directives et standardiser les interventions en cas d’éclosion, en particulier la boîte à outils pour les éclosions entériques de l’ASPC16. De plus, le document Poids de la preuve : Facteurs à considérer pour la prise de mesures appropriées et en temps opportun dans une situation d’enquête sur une éclosion de maladie d’origine alimentaire17 de Santé Canada propose des lignes directrices sur l’évaluation des données d’enquêtes sur la sécurité sanitaire des aliments et d’études microbiologiques et épidémiologiques. Même s’il s’adresse principalement à un public fédéral, des critères similaires peuvent être envisagés par les enquêteurs dans tous les volets d’interventions en cas d’éclosion17.
Malgré la panoplie d’outils disponibles, leur coordination et leur diffusion sont souvent improvisées et il n’existe actuellement aucun mécanisme pour étudier les ressources et promouvoir l’utilisation d’approches uniformes et standardisées entre les autorités de santé. Pour l’avenir, il serait bénéfique que la santé publique dispose d’une liste de ressources sur les éclosions de MOA hébergée sur un site Web public et mise à jour régulièrement. Le site Web national de l’ICISP et le site Web du CCNSE seraient des options idéales d’hébergement. Compte tenu du mandat de l’ICISP, soit de « faire progresser le domaine de la santé publique environnementale et la profession18 », il s’agit d’un projet que l’organisme devrait envisager d’entreprendre avec le soutien d’institutions universitaires agréées, du CCNSE, de l’ASPC et d’autres partenaires de santé publics. Les établissements agréés devraient ensuite envisager d’intégrer les ressources aux programmes de formation pour permettre aux PSPE débutants d’acquérir les connaissances et les compétences requises pour mener des enquêtes sur les éclosions de MOA.
Diffusion des enseignements tirés
Comme il a déjà été mentionné dans les autres documents de la série5, la diffusion des enseignements tirés est une partie importante des interventions classiques en cas d’éclosion. Les résumés d’éclosion devraient être diffusés à grande échelle et communiqués aux partenaires communautaires et de santé publique, de même qu’au grand public3. Dans ce contexte, le temps et les ressources alloués à la rédaction des résumés d’éclosion influencent considérablement la diffusion des enseignements tirés. Pour y remédier, les résumés devraient être considérés comme un élément d’une intervention régulière en cas d’éclosion disposant du temps et des ressources nécessaires. Le succès des résumés d’éclosion et de la diffusion des enseignements tirés repose sur la collecte et la conservation de l’information recueillie au cours de l’enquête sur l’éclosion pour documenter toutes les étapes pertinentes de la gestion de l’éclosion. Lors de chaque enquête, les dossiers devraient conserver les éléments suivants :
- les renseignements de traçage pertinents;
- l’épidémiologie descriptive;
- les hypothèses;
- les conclusions de l’enquête, notamment l’inspection, l’évaluation environnementale et les actions réglementaires3.
Pour faciliter la diffusion des données, des modèles et des outils normalisés devraient être élaborés à l’avance et inclus dans les procédures sur les éclosions de MOA pour une utilisation par toutes les parties3. Actuellement, la boîte à outils pour les éclosions entériques de l’ASPC16 offre des orientations et des modèles pour les enquêtes, dont des questionnaires standardisés et des résumés d’éclosion. Puisque les participants ont répondu qu’ils avaient une mauvaise connaissance générale de l’outil et qu’ils l’utilisaient peu, la Division de la gestion des éclosions de l’ASPC devrait envisager de sonder les autorités de santé publique pour trouver des moyens de faire connaître la boîte à outils et d’en accroître l’utilisation, de même que pour cerner tout autre besoin en matière de gestion des éclosions ou de formation.
Succès dans la diffusion d’enseignements tirés et dans la prestation d’occasions de perfectionnement professionnel sur les éclosions de MOA
Les enquêteurs devraient continuer à chercher d’autres occasions de diffuser les enseignements tirés au-delà des voies actuelles de publication, que ce soit par l’entremise de communautés de pratique, de webinaires, de congrès, de listes de résumés d’éclosion ou de billets de blogue. L’ICISP, par exemple, organise chaque année un congrès national, et plusieurs divisions provinciales de l’organisme ont leurs propres congrès. Parmi les autres congrès et cours de formation sur la santé publique figurent le Congrès de santé publique de l’Ontario et l’assemblée générale annuelle de l’International Association of Food Protection. Ils offrent des occasions de présenter les enseignements tirés et constituent d’excellentes possibilités de perfectionnement professionnel pour les PSPE et les autres professionnels de la santé publique. L’intégration de séances de résumés d’éclosion durant les congrès de santé publique en général favoriserait aussi la diffusion de l’information. Par ailleurs, il serait possible de publier des résumés sur des blogues, comme celui du Centre for Public Health & Zoonoses de l’Université de Guelph, Worms & Germs Blog19. Un modèle de résumé d’éclosion standardisé permettrait aussi aux enquêteurs de transmettre rapidement des résumés d’éclosion de MOA axés sur les enseignements tirés. Des modèles éditables réduiraient le temps nécessaire à la préparation, signalé comme un obstacle à la diffusion de l’information. Idéalement, les résumés d’éclosion et la diffusion des enseignements tirés incluraient de l’information sur les succès et les défis les plus frappants notés durant l’intervention en cas d’éclosion, de même que les éléments à améliorer lors d’une prochaine éclosion3. La diffusion contribuera à la sensibilisation à l’importance des MOA et aux rôles des divers partenaires de santé publique, et permettra de mettre en évidence des mesures de prévention2.
Limites
Ce travail comporte plusieurs limites. D’abord, les méthodes de recherche qualitative utilisées n’ont pas pour objectif d’être généralisées. En raison de l’approche d’échantillonnage et de la petite taille de l’échantillon, les participants de l’étude pourraient ne pas être représentatifs de l’ensemble des PSPE ou des autorités de santé publique du Canada. Compte tenu du fait que les compétences et les responsabilités liées aux enquêtes sur les éclosions sont associés à des ordres de gouvernement différents, il est difficile de rendre compte avec justesse de l’ensemble des enjeux, expériences et besoins. Néanmoins, les résultats des entretiens avec des intervenants clés ont permis de dégager d’importants enjeux et occasions liés aux interventions en cas d’éclosions. Par ailleurs, l’analyse environnementale utilisée dans cette étude n’incluait pas une revue des documents et des politiques internes des autorités de santé publique sur les MOA. L’exécution des programmes en santé publique, particulièrement en santé environnementale et pour les maladies transmissibles, varie considérablement entre les provinces et les autorités de santé, ce qui complique la généralisation des outils, des recommandations et des lignes directrices à toutes les situations et à tous les organismes liés aux éclosions. Les résultats du présent rapport visent à mettre en évidence des problèmes pouvant avoir une incidence sur les interventions en cas d’éclosion de MOA et se veulent complémentaires aux politiques, directives et outils existants.
Résumé
Les éclosions de MOA sont des incidents complexes qui nécessitent la collaboration d’une vaste panoplie de compétences et d’expertises lors des enquêtes et des interventions subséquentes. Les PSPE sont essentiels au succès des interventions en cas d’éclosion en raison leur spécialisation en SEP, de leur capacité à comprendre la collectivité touchée et de leur compréhension fine de la sécurité sanitaire des aliments et de l’attribution des sources. Les participants ont relevé un besoin clair de mentorat, d’expérience pratique et de formation en matière d’enquêtes sur les éclosions de MOA, particulièrement pour les PSPE débutants. Ils ont aussi insisté sur le fait que combler le manque d’expérience, particulièrement dans les évaluations environnementales et les entrevues, est un besoin essentiel pour les PSPE, plusieurs organismes ayant subi une perte d’expertise en raison d’un roulement de personnel causé par les départs à la retraite et la COVID-19. Il faut intégrer des compétences sur les éclosions dans les programmes d’études en santé publique pour mieux préparer les PSPE débutants. Enfin, les participants ont évoqué le besoin d’explorer les possibilités de diffusion des interventions en cas d’éclosion et des enseignements tirés à des fins de perfectionnement professionnel et de sensibilisation aux éclosions de maladies d’origine alimentaire et à leurs effets.
Remerciements
Je tiens à remercier Lorraine McIntyre, spécialiste de la sécurité sanitaire des aliments du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique ainsi que Wendy Pons, Ph. D., et Cathy Egan, de Conestoga College ITAL, d’avoir mis leur expertise et leur expérience à contribution en tant qu’examinatrices internes et externes, respectivement.
Tableau 1. Thèmes, codes et citations modèles sous le thème « Les PSPE débutants ont besoin d’acquérir des connaissances et des compétences sur les interventions en cas d’éclosion » tirés d’entretiens avec 20 experts en éclosions de maladies d’origine alimentaire (octobre 2022 à janvier 2023)
Thème | Code | Exemple de citation |
L’école doit enseigner aux PSPE les méthodes d’enquête sur les maladies transmissibles et les éclosions | L’école doit enseigner les compétences sur les entrevues et les enquêtes en matière de maladies transmissibles. | Mais personne ne sort de l’école réellement prêt à travailler en MT [maladies transmissibles]; les gens sont généralement hésitants… parce qu’[ils] ne se sentent pas prêts. [P2] |
Les PSPE pourraient ne pas recevoir de formation sur les compétences nécessaires à la réalisation d’entrevues et d’enquêtes sur les MOA. | Mais où place-t-on la barre au Canada pour la façon de mener les enquêtes, les connaissances minimales ou les compétences nécessaires? Je ne crois pas que ce soit enseigné adéquatement à l’université. [P12] | |
Les PSPE pourraient ne pas recevoir de formation sur les compétences nécessaires à la réalisation d’entrevues et d’enquêtes sur les MOA. | C’est un peu comme d’offrir de la formation ou de l’éducation sur la façon de mener une bonne enquête ou de bien consigner les choses. On nous apprend à inspecter, mais pas forcément à mener un entretien. [P5] | |
L’expérience compte : les PSPE débutants ont besoin de formation et de mentorat | Les stages d’été peuvent n’offrir que peu d’expérience en matière d’enquêtes sur les éclosions de MOA. | C’est difficile pour les étudiants d'été d'acquérir de l'expérience sur les éclosions; pour remédier à cette lacune, l’école pourrait organiser plus de simulations [d’éclosion]. [P5] |
Les PSPE débutants peuvent se sentir dépassés lors de leurs premières éclosions. | Il est arrivé que certains employés réagissent comme s’ils venaient de voir un revenant. Vous savez, lorsque l’on a déjà vécu ce genre de situation, on connaît la marche à suivre et on est moins inquiet. [P8] | |
Les PSPE débutants ont besoin de mentors expérimentés pour soutenir leur développement. | Qui les encadre et leur donne de la rétroaction? [P13] | |
Les PSPE débutants doivent apprendre à reconnaître quand ils doivent demander de l’aide. | Du point de vue d’un inspecteur relativement inexpérimenté, il est important de reconnaître lorsqu’on ne sait pas quelque chose, qu’on a besoin d’aider quelqu’un. [P6] | |
L’expérience des PSPE compte. | Le degré de formation des enquêteurs compte. [P12] Les nouveaux employés ne devraient peut-être pas participer aux éclosions de plus grande envergure. [P8] | |
Certaines autorités de santé peuvent avoir à gérer des éclosions de MOA seulement dans de rares cas. | Ils peuvent n’avoir jamais vécu d’éclosion de MOA. De fait, nous avons souvent des [PSPE] qui ont travaillé plusieurs années sans jamais avoir à faire ce type d’enquête. [P8] | |
La formation et le mentorat sont souvent informels (c.-à-d. du bouche-à-oreille). | C’est une question de ressources, puisque je suis l’un des rares [PSPE] encore présent qui a reçu une formation sur la façon de faire, et il s’agissait entièrement de bouche-à-oreille. [P3] |
Tableau 2. Ressources et matériel de formation sur les éclosions de MOA et les maladies transmissibles tirés d’entretiens avec 20 experts en éclosions de maladies d’origine alimentaire (octobre 2022 à janvier 2023)
Outil | Description |
Boîte à outils pour les éclosions entériques, Agence de la santé publique du Canada | Un ensemble de ressources à l’intention des épidémiologistes, des PSPE, des infirmières de la santé publique et d’autres praticiens participant aux interventions en cas d’éclosion16. |
Modalités canadiennes d’intervention lors de toxi-infection d’origine alimentaire (MITIOA) : Guide d’intervention en cas d’éclosion multijuridictionnelle de maladie entérique (MITIOA), Agence de la santé publique du Canada | Un guide d’intervention en cas d’éclosion internationale d’une maladie entérique20. |
Série de formations sur l’évaluation environnementale EATS (pour Environmental Assessment Training Series), Centers for Disease Control and Prevention | Une ressource destinée aux PSPE sur la façon de mener des entrevues avec le personnel de l’alimentation et de réaliser une évaluation environnementale (et non une inspection de routine)21. Les évaluations environnementales doivent couvrir tous les aspects de la production, de l’entreposage, du transport, de la manutention, de la distribution et de la consommation pour trouver des preuves, lorsque possible, que la source alimentaire ou les conditions de production sont à l’origine de l’éclosion3. |
Integrated Food Safety Center of Excellence, État de Washington | Des ressources de formation appliquée sur les enquêtes en cas d’éclosion22. |
Public Health Inspector’s (PHI) Guide to Environmental Microbiology Laboratory Testing, Santé publique Ontario | Un guide évolutif conçu par Santé publique Ontario pour appuyer des pratiques efficaces en santé publique, afin que les PSPE aient rapidement accès à des renseignements sur les services et l’expertise des laboratoires de microbiologie environnementale23. |
Avant-projet de directives pour la gestion des épidémies biologiques d’origine alimentaire, Commission du Codex Alimentarius de l’Organisation mondiale de la Santé | Des lignes directrices abordant le degré de préparation aux éclosions, leur détection et les interventions. Elles comprennent des recommandations sur l’utilisation appropriée dans les enquêtes sur les éclosions des nouvelles technologies d’analyse comme les méthodes de typage3. |
Le guide des procédures IAFP pour enquêter sur les maladies d’origine alimentaire | Un guide en matière d’enquêtes sur les éclosions de maladies d’origine alimentaire s’appuyant sur des principes épidémiologiques, des techniques de laboratoire et des évaluations de la santé environnementale24. |
Guidelines for Foodborne Disease Outbreak Response, Council to Improve Foodborne Outbreak Response (CIFOR) | Une source exhaustive d’information à propos des enquêtes sur les maladies d’origine alimentaire et leur maîtrise, destinée organismes de santé régionaux, étatiques et fédéraux. Elle décrit des pratiques exemplaires et les rôles des principaux organismes lors d’éclosions de maladies d’origine alimentaire25. |
Tableau de bord NORS (pour National Outbreak Reporting System), CDC | Lancé en 2009, le tableau de bord NORS est utilisé par les organismes de santé régionaux, étatiques et territoriaux des États-Unis pour rapporter aux CDC toutes les éclosions de maladies d’origine hydrique, alimentaire et entérique transmises par contact avec des sources environnementales, des personnes ou des animaux infectés ou selon des modes de transmission inconnus26. |
Site Web du cabinet d’avocats spécialisés en sécurité sanitaire des aliments Marler Clark | On y trouve des liens vers des causes qui ont transformé les politiques alimentaires et une base de données interrogeable sur les éclosions27. |
Vidéos de formation sur les stratégies d’entrevue lors d’éclosion des autorités sanitaires de l’Oregon | Les autorités sanitaires de l’Oregon présentent des vidéos de formation à l’intention du personnel et des bénévoles sur les méthodes d’entrevue lors d’éclosions de maladies. Elles décrivent les 10 règles d’or d’une entrevue efficace28. |
Introduction aux entrevues d’enquête de cas, Agence de la santé publique du Canada | Ce cours se veut une introduction aux pratiques exemplaires en matière d’entrevues et vise à outiller l’apprenant pour qu’il se sente à l’aise lorsqu’il doit mener des entrevues de santé publique. Étant donné que les protocoles, les procédures et les outils peuvent varier d’une région à l’autre, il est attendu que ces cours soient accompagnés d’un programme de formation et d’intégration adapté à son territoire29. La création d’un compte est obligatoire. Sélectionner ensuite « Gestion des situations d’urgence en santé », puis « Formation de recherche et gestion des contacts » et enfin « Introduction aux entrevues d’enquête de cas ». |
Tableau 3. Thèmes, codes et exemples de citations sous le thème « Les interventions actuelles en cas d’éclosion de maladies d’origine alimentaire présentent plusieurs difficultés », tirés d’entretiens avec 20 experts en éclosion de maladies d’origine alimentaire (octobre 2022 à janvier 2023)
Thème |
Code |
Citation modèle |
Collecte et diffusion de données |
Le manque de communication entre les organismes peut nuire aux interventions lors d’éclosions. |
Il y a un manque dans les communications et les connaissances qui a nui à plus d’une enquête sur des éclosions. [P12] |
Il est important de recueillir et de diffuser rapidement des données de qualité lors d’une éclosion. |
Veiller à ce que les renseignements soient recueillis et diffusés dans le groupe, c’est presque un casse-tête selon moi; chacun possède une pièce différente d’information et on doit les rassembler pour obtenir le portrait complet. [P16] |
|
Disparités dans les ressources consacrées aux enquêtes sur les éclosions de MOA |
La centralisation des cas de maladie transmissible peut influencer la profondeur de l’enquête. |
Au fond, ils nous ont enlevé notre capacité d’intervention à l’échelle régionale… le modèle auquel ils sont passés à l’échelle de la [province]. Nous sommes maintenant plus qu’une sorte de centre d’appel. [P11] |
Le roulement de personnel |
À l’échelle régionale, l’un des plus gros problèmes, et c’est un peu l’étape avant l’éclosion, c’est la formation, ce qui est vraiment important. Donc, maintenant, une proportion importante de l’équipe est novice, mais avant la pandémie, nous pouvions compter sur des employés présents depuis de nombreuses années. Notre équipe était très expérimentée, donc il n’y avait pas beaucoup de formations qui se donnaient. [P3] |
|
Les problèmes de dotation de personnel peuvent nuire à la capacité d’enquête. |
Je parle du roulement de personnel et de tout ce que ça implique. Tous les changements ayant eu lieu après la pandémie sont énormes, parce que certains problèmes dataient d’avant la pandémie, donc ils ne sont pas vraiment surprenants. Enfin, ça ne me touche pas personnellement, mais c’est une situation préoccupante, je crois, pour notre capacité d’intervention en cas d'éclosion. [P3] |
|
Variations observables entre des autorités de la santé voisines et entre les provinces dans les enquêtes sur les éclosions |
Il peut y avoir des variations dans les enquêtes sur les éclosions entre des autorités de la santé voisines. |
Même lorsqu’on travaille avec plusieurs bureaux de santé, qui ont tous des approches et des attentes différentes quant à l’exhaustivité des enquêtes. [P7] |
Variation dans la collecte de données. |
Mais il y a beaucoup de différences, même juste dans la collecte de donnée pour n’importe quel pathogène; certains ont des périodes de collectes différentes – ils peuvent ne collecter les antécédents alimentaires que pour les trois derniers jours plutôt que les sept derniers. [P7] |
|
Variation dans la collecte de données entre les provinces. |
Encore, ça tend à être un des problèmes, toujours en lien avec les maladies à déclaration obligatoire. La liste des maladies à déclaration obligatoire d’une province A peut différer des autres provinces. [P7] |
|
Ressources consacrées aux enquêtes sur les éclosions de MOA |
Certains partenaires de santé publique disposent de plus de ressources et de temps à consacrer aux éclosions de MOA que d’autres. |
Plus on monte dans la hiérarchie, plus on dispose de ressources, particulièrement aux échelles interprovinciale et internationale, là où les ressources de l’ASPC et de l’ACIA entrent en jeu… Ils ont des gens qui peuvent consacrer des heures à effectuer un suivi auprès d’une seule personne, ce qui est impossible pour nos cas réguliers. Donc je trouve que quand nous devons gérer ce genre de cas ça devient en quelque sorte plus facile. [P8] |
Structure des équipes de santé publique pouvant influencer les enquêtes sur les MOA |
Cloisonnement |
Lors d’une enquête, c’est le [PSPE] régional qui se rend dans les établissements touchés pour réaliser l’enquête : vérifier les aliments au menu, si des membres du personnel ont été malades, s’il y a des restes de nourriture à prélever… toutes ces choses; ce sont eux qui assurent la présence sur le terrain, qui font ce qu’il faut et qui nous [à l’équipe des MT] rapportent les informations. [P9] |
Cloisonnement |
Nous sommes divisés en deux équipes : maladies infectieuses et santé environnementale, et en deux groupes séparés; nous devons donc nous coordonner avec la santé environnementale pour effectuer les inspections des sites. [P18] |
|
Rapidité de l’intervention |
Les retards dans la réception des notifications nuisent à la capacité de recueillir des données pertinentes. |
Au moment où les gens signalent ou découvrent que leurs amis ayant fréquenté le même établissement qu’eux ont des symptômes similaires, déjà le temps presse. Donc, pour une grande part de nos enquêtes, les aliments ont déjà été jetés, il ne reste rien à analyser et les personnes ne sont plus symptomatiques. [P7] |
Références
- US Food and Drug Administration. New era of smarter food safety blueprint. Modern approaches for modern times. Silver Spring, MD: US FDA; 2021 Jul. Available from: https://www.fda.gov/food/new-era-smarter-food-safety/new-era-smarter-food-safety-blueprint.
- US Food and Drug Administration. New era of smarter food safety: FDA’s foodborne outbreak response improvement plan. Silver Spring, MD: US FDA; 2022 Sep. Available from: https://www.fda.gov/food/new-era-smarter-food-safety/new-era-smarter-food-safety-fdas-foodborne-outbreak-response-improvement-plan.
- Food and Agriculture Association of the United Nations. Joint FAO/WHO/ Food Standards Programme Codex Committee On Food Hygiene (virtual 28 Feb - 4 Mar and 9 Mar 2022). Proposed draft guidance on the management of biological foodborne outbreaks. Rome, Italy: FAO; 2022 Feb. Available from: https://www.fao.org/fao-who-codexalimentarius/sh-proxy/en/?lnk=1&url=https%253A%252F%252Fworkspace.fao.org%252Fsites%252Fcodex%252FMeetings%252FCX-712-52%252FCRD%252FCRD02e.pdf.
- Diplock K, in partnership with the National Collaborating Centre for Environmental Health. Supporting foodborne outbreak investigations: a review of the use of whole genome sequencing and emerging technologies. Vancouver, BC: National Collaborating Centre for Environmental Health; 2022 Oct. Available from: https://ncceh.ca/documents/evidence-review/supporting-foodborne-outbreak-investigations-review-use-whole-genome.
- Diplock K, in partnership with the National Collaborating Centre for Environmental Health. Foodborne illness outbreaks: roles and responsibilities. Vancouver, BC: National Collaborating Centre for Environmental Health; 2023 Feb. Available from: https://ncceh.ca/documents/evidence-review/foodborne-illness-outbreaks-roles-and-responsibilities.
- Merriam SB, Tisdell EJ. Qualitative research: a guide to design and implementation. New York, NY: John Wiley & Sons; 2015 Aug. Available from: https://www.wiley.com/en-sg/Qualitative+Research:+A+Guide+to+Design+and+Implementation,+4th+Edition-p-9781119003618.
- Fereday J, Muir-Cochrane E. Demonstrating rigor using thematic analysis: a hybrid approach of inductive and deductive coding and theme development. Int J Qual Methods. 2006;5(1):80-92. Available from: https://doi.org/10.1177/160940690600500107.
- Kearney GD. 13. Introduction to foodborne illness outbreak investigations. In: Knechtges PL, Kearney GD, Resnick BA, editors. Environmental public health: the practitioner's guide. Washington, DC: American Public Health Association; 2018. Available from: https://ajph.aphapublications.org/doi/full/10.2105/9780875532943ch13.
- Torok M, White AE, Thompson S, Pugh S, Garman K, Anand M, et al. Competencies for environmental health professionals who detect, investigate, and respond to foodborne illness outbreaks. J Environ Health. 2022 Jul/Aug;85(1):24-32. Available from: https://www.neha.org/foodborne-illness-outbreak-investigation-competencies.
- Canadian Institute of Publc Health Inspectors. Professional development model. Continuing Professional Competencies (CPC) Program. Vancouver, BC: CIPHI; 2022. Available from: https://ciphi.ca/wp-content/uploads/2022/03/CIPHI_Professional-Development-Model_V7-Mar-2022.pdf.
- Ing S, Lee C, Middleton D, Savage RD, Moore S, Sider D. A focus group study of enteric disease case investigation: successful techniques utilized and barriers experienced from the perspective of expert disease investigators. BMC Public Health. 2014 Dec 18;14(1):1302. Available from: https://doi.org/10.1186/1471-2458-14-1302.
- White AE, Sabourin KR, Scallan E. The foodborne outbreak challenge—using experiential learning to foster interdisciplinary training among students on foodborne disease outbreak investigations. J Food Sci Educ. 2018;17(2):60-5. Available from: https://ift.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/1541-4329.12132.
- Colorado Integrated Food Safety Center of Excellence. Foodborne outbreak challenge. Denver, Colorado: University of Colorado, Colorado School of Public Health; [cited 2023 Feb 12]; Available from: https://coloradosph.cuanschutz.edu/research-and-practice/centers-programs/foodsafety/trainings/foodborne-outbreak-challenge-o.
- British Columbia Centre for Disease Control. Toxin flow chart. Vancouver, BC: BCCDC; 2022. Available from: http://www.bccdc.ca/resource-gallery/Documents/Guidelines%20and%20Forms/Forms/Epid/Enterics/toxin%20flow%20chart%202022.pdf.
- British Columbia Centre for Disease Control. Vibrio infection case report form. Vancouver, BC: BCCDC; 2022. Available from: http://www.bccdc.ca/resource-gallery/Documents/Guidelines%20and%20Forms/Forms/Epid/Enterics/Vibrio%20crf.pdf.
- Public Health Agency of Canada. Outbreak toolkit - Enteric outbreak investigations. Ottawa, ON: Government of Canada; [cited 2023 Feb 12]; Available from: https://outbreaktools.ca/.
- Health Canada. Weight of evidence: factors to consider for appropriate and timely action in a foodborne illness outbreak investigation. Ottawa, ON: Government of Canada; 2011 [updated 2019 Sep 17; cited 2022 Sep 20]; Available from: https://www.canada.ca/en/health-canada/services/food-nutrition/reports-publications/food-safety/weight-evidence-factors-consider-appropriate-timely-action-foodborne-illness-outbreak-investigation-2011.html.
- Canadian Institute of Public Health Inspectors. What is environmental public health? Vancouver, BC: CIPHI; [cited 2023 Feb 12]; Available from: https://ciphi.ca/.
- University of Guelph Centre for Public Health & Zoonoses. Worms and Germs blog. Guelph, ON: Ontario Veterinary College; [cited 2023 Feb 12]; Available from: https://www.wormsandgermsblog.com/.
- Public Health Agency of Canada. Canada’s Foodborne Illness Outbreak Response Protocol (FIORP): A guide to multi-jurisdictional enteric outbreak response. Ottawa, ON: Government of Canada; 2018. Available from: https://www.canada.ca/en/public-health/services/publications/health-risks-safety/canadas-foodborne-illness-outbreak-response-protocol-fiorp-guide-multi-jurisdictional-enteric-outbreak-response.html
- US Centers for Disease Control and Prevention. Environmental Assessment Training Series (EATS). Atlanta, GA: US Department of Health and Human Services; 2022 [updated 2023 Mar 30; cited 2023 Apr 10]; Available from: https://www.cdc.gov/nceh/ehs/elearn/eats/index.html.
- Washington Integrated Food Safety Center of Excellence. Training - Applied outbreak investigation. Seattle, WA: Washington State Department of Health and University of Washington School of Public Health [cited 2023 Apr Feb 12]; Available from: https://foodsafety.uw.edu/training.
- Public Health Ontario. Public health inspectors guide. Toronto, ON: PHO; 2019 Nov. Available from: https://www.publichealthontario.ca/en/Laboratory-Services/Public-Health-Inspectors-Guide.
- International Association for Food Protection. IAFP procedures to investigate foodborne illness revised. 6th ed. New York, NY: Springer; 2011. Available from: https://doi.org/10.1007/978-1-4419-8396-1.
- Council to Improve Foodborne Outbreak Response. Third edition of the CIFOR guidelines for foodborne disease outbreak response: full version. Atlanta, GA: US Centers for Disease Control and Prevention; 2020. Available from: https://cifor.us/clearinghouse/cifor-guidelines-for-foodborne-disease-outbreak-response.
- National Outbreak Reporting System (NORS). NORS Dashboard. Atlanta, GA: US Centers for Disease Control and Prevention; [updated 2022 Feb 3; cited 2023 Feb 12]; Available from: https://wwwn.cdc.gov/norsdashboard/.
- Marler Clark. Marler Clark - the food safety law firm. Seattle, WA: Marler Clark - the food safety law firm; [cited 2023 Feb 12]; Available from: https://billmarler.com/.
- Oregon Health Authority. Training videos: outbreak interviewing strategies : outbreak investigation. Portland, OR: State of Oregon; [cited 2023 Feb 12]; Available from: https://www.oregon.gov/oha/PH/DISEASESCONDITIONS/COMMUNICABLEDISEASE/OUTBREAKS/Pages/TrainingVideoOutbreakInvestigation.aspx.
- Public Health Agency of Canada. Training - Courses. Ottawa, ON: PHAC; [cited 2023 Feb 12]; Available from: https://training-formation.phac-aspc.gc.ca/course/index.php?lang=en.