[ARCHIVÉ] Sous-produits de désinfection (SPD) par chloration dans l’eau potable et santé publique au Canada
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Depuis les trente dernières années, l'évaluation et la gestion des risques de santé publique « causés par » les sous-produits de désinfection (SPD) au chlore de l'eau potable constituent sans doute le défi le plus complexe avec lequel le secteur du traitement de l'eau potable doit composer dans le monde industrialisé. Il incombe aux professionnels de la santé publique de s'assurer que les efforts de prudence consacrés à la gestion de ces risques ne se déploient jamais au détriment des mesures de prévention requises face à la menace constante que
représentent les maladies d'origine hydrique.
Le présent guide d'introduction examine les points forts et les faiblesses de la démarche épidémiologique, toxicologique et de l'évaluation des risques pour l'analyse des données probantes sur les effets sur la santé possibles des SPD engendrés par la chloration. Il propose un résumé et une brève analyse des données épidémiologiques et toxicologiques actuelles sur les risques de cancer et d'effets indésirables pour la reproduction. Les défis résultant de ces risques et effets, auxquels se heurtent les processus décisionnels de gestion du risque, sont également présentés. Les autorités ont surtout invoqué l’objectif de réduction du cancer de la vessie pour justifier leurs initiatives récentes de réglementation des teneurs en trihalométhanes (THM). Les données actuelles portent cependant à croire en l’absence de relation causale entre ces substances et le cancer de la vessie. En outre, les données accumulées sur les troubles de la reproduction peuvent être qualifiées dans le meilleur des cas de discordantes et les preuves que les SPD par chloration causent des anomalies congénitales sont essentiellement négatives.
Face aux incertitudes inévitables qu’expose le rapport, les professionnels du secteur du traitement de l’eau potable doivent considérer les SPD comme un enjeu de santé publique qu’il convient de continuer à gérer de manière prudente. La prudence devrait prévaloir, même si, selon le poids de la preuve accumulée par plus de trente années de recherche en santé sur les SPD présents dans l’eau potable, il semble justifié de dire qu’aucun effet sur la santé n’est lié « avec certitude » à l’un ou l’autre des SPD aux teneurs réglementaires actuelles et d’après les résultats observés. L’existence d’une association causale demeure cependant une hypothèse valide. À titre d’exemple, il y a lieu de s’intéresser davantage aux causes du cancer de la vessie, parce qu’une forte proportion des comparaisons entre les niveaux d’exposition supérieurs et inférieurs aux SPD porte sur des groupes exposés à l’eau de surface désinfectée et aux eaux souterraines légèrement ou non désinfectées. Il est nécessaire de maintenir une approche sensée et prudente de la gestion des SPD, qui reconnaît que les pratiques actuelles de désinfection n’ont probablement pas d’effets néfastes sur la santé et que la recherche permettra peut-être un jour d’établir une relation causale plus solide entre un ou plusieurs SPD et un effet particulier.
Tout bien considéré, l’essentiel pour les praticiens en santé publique soucieux de préserver leur crédibilité est de fonder leur argumentation en faveur de la réduction des SPD issus de la chloration sur une position de prudence raisonnable. Dans la plupart des cas, rien n’exige ni ne justifie, selon les données probantes en main, d’agir précipitamment ou avec démesure dans ce dossier, compte tenu des effets indésirables sur la santé auxquels il est actuellement réaliste de s’attendre.