[ARCHIVÉ] Utilisation d’appareils de chauffage au bois résidentiel au Canada : émissions, effets sur la santé et stratégies d’intervention
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Ce rapport résume l’information concernant les émissions de fumée de bois et les effets sur la santé associés à l’exposition à la fumée de bois provenant du chauffage au bois résidentiel (CBR) au Canada. Il fournit également une indication qualitative de l’efficacité des différentes stratégies d’intervention fondée sur une revue de la documentation disponible et d’entrevues menées auprès d’autorités sanitaires canadiennes. L’objet du rapport est de mieux informer les praticiens et les responsables des politiques au sujet des risques potentiels pour la santé et d’autres préoccupations liés au chauffage au bois résidentiel, ainsi que des mécanismes permettant de traiter ou d’atténuer ces risques.
Le CBR est une question importante, car il peut avoir des répercussions négatives sur la qualité de l’air, ce qui peut entraîner des plaintes de nuisance et l’exposition du public et nuire à la capacité des provinces de respecter leurs objectifs en matière de contaminants atmosphériques. Dans de nombreuses régions du Canada, on a associé le CBR à des niveaux ambiants de matières particulaires respirables de diamètre ≤ 10 microns, de particules fines de diamètre ≤ 2,5 microns, d’oxydes de soufre, d’oxydes d’azote, de monoxyde de carbone, d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, de composés organiques volatils et de dioxines. Même si les émissions des appareils de chauffage au bois sont bien documentées (elles sont beaucoup plus élevées pour les vieux appareils que pour les nouveaux appareils à technologie avancée conformes aux normes de l’Association canadienne de normalisation ou de l’Environmental Protection Agency des États-Unis), on en sait moins sur l’ampleur de l’exposition à la fumée de bois, particulièrement à l’intérieur où les gens passent la majeure partie de leur temps. Quelques études démontrent que la qualité de l’air intérieur n’est pas touchée par la source de chaleur ou que l’infiltration des émissions extérieures est minime, même si elle dépend beaucoup de nombreux facteurs. D’autres études suggèrent que le CBR peut augmenter les concentrations de contaminants à l’intérieur, contribuer de manière significative à l’exposition individuelle et avoir des effets néfastes sur la santé.
Selon la documentation concernant les effets sur la santé, il a été démontré que de nombreux constituants de la fumée de bois produisent individuellement des effets aigus ou chroniques sur la santé des personnes exposées. Sur les quelque 200 produits chimiques et groupes de composés que contient la fumée de bois, les fines particules (qui peuvent se loger profondément dans les poumons) sont généralement considérées comme le meilleur indicateur des effets des sources de combustion sur la santé. Les trois types d’études qui ont servi à évaluer les effets potentiels de la fumée de bois sur la santé sont : (1) un très petit ombre d’études contrôlées sur l’exposition humaine; (2) des études épidémiologiques humaines; (3) des études sur la toxicologie animale. Selon l’ensemble des données probantes, l’exposition à la fumée de bois dans les pays développés est associée à une gamme de symptômes et d’effets néfastes sur la santé respiratoire, particulièrement chez les enfants, les effets liés à l’appareil cardiovasculaire et au cancer étant moins certains. Les effets et les symptômes respiratoires spécifiques comprennent l’irritation des voies respiratoires supérieures, l’augmentation de la résistance des voies aériennes, la diminution de la fonction pulmonaire, la diminution de la capacité vitale, l’exacerbation de l’asthme bronchitique, ainsi que l’augmentation des hospitalisations et des admissions aux services des urgences.
Selon l’information disponible, les stratégies d’intervention les plus efficaces sont vraisemblablement celles qui exigent l’enlèvement des appareils de chauffage au bois qui produisent le plus d’émissions, tandis qu’il est peu probable que les programmes volontaires ou qui reposent uniquement sur les campagnes d’éducation du public se traduisent par des améliorations importantes de la santé publique. Les programmes d’échange qui combinent des incitatifs économiques et une campagne d’éducation sont vraisemblablement efficaces, mais la réglementation pourrait constituer l’approche la plus efficace pour mettre fin à la vente au détail des poêles à bois traditionnels. L’adoption de mesures législatives provinciales ou nationales pourrait aussi entraîner l’élaboration de politiques plus efficaces que des règlements municipaux disparates et non uniformes. Toutefois, il est présentement impossible d’évaluer quantitativement ou de classer les différentes stratégies d’intervention parce qu’on a peu cherché à en évaluer l’efficacité et que la plupart des programmes ne comportent pas de volet d’évaluation. Les attitudes et les perceptions du public peuvent aussi représenter un obstacle majeur au changement, car les utilisateurs peuvent percevoir moins de risques pour la santé. Le coût des appareils à technologie avancée et la longue durée de vie des appareils traditionnels constituent également des obstacles. En outre, les praticiens peuvent méconnaître les répercussions sur la qualité de l’air et les risques potentiels pour la santé associés au CBR. Ils peuvent aussi disposer de peu de ressources ou d’information sur les stratégies d’intervention. Dans l’ensemble, il y a une absence apparente de liens sur les plans des connaissances et de la coordination entre les divers paliers de gouvernement au Canada relativement aux risques pour la santé du CBR et les stratégies d’intervention liées au chauffage au bois.
Recommandations : (1) mettre sur pied un centre d’échange ou un dépôt réunissant l’information concernant le CBR; (2) offrir une ressource en ligne interactive financée par le gouvernement qui permette aux professionnels de partager leurs points de vue sur les programmes d’éducation du public et les stratégies d’intervention proposés; (3) intégrer un volet d’évaluation dans tous les futurs programmes d’éducation et d’intervention (y compris les pratiques et les outils exemplaires); (4) effectuer une analyse de décision fondée sur un scénario précis permettant de faire un choix parmi les diverses stratégies d’intervention liées au chauffage au bois pour une municipalité ou une région donnée; (5) élaborer un cadre global d’analyse de décision tenant compte des caractéristiques positives et négatives du CBR dans un contexte plus vaste qui englobe d’autres facteurs environnementaux, sociaux et économiques importants.