Le point sur les recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada

Il peut être difficile pour les responsables de l’évaluation de la qualité de l’eau potable et de la gestion des réserves de se tenir au fait des modifications apportées aux Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada. Depuis notre dernier coup d’œil sur le sujet en 2019, plusieurs nouvelles consultations ont été tenues, et de nombreuses modifications ont été apportées aux recommandations. Il est donc grand temps de faire un tour d’horizon sur les changements effectués, les nouveaux documents d’orientation publiés et les consultations en cours.

Processus d’élaboration

Santé Canada et le Comité fédéral-provincial-territorial sur l’eau potable (CEP) rédigent d’abord une version préliminaire des recommandations sur les différents paramètres (chimiques, biologiques et physiques) de la qualité de l’eau à partir des plus récentes données scientifiques publiées. Les recommandations sont ensuite soumises à un processus d’évaluation par les pairs à l’interne et à l’externe, qui comprend un examen attentif par le CEP, une consultation avec les communautés scientifiques et techniques spécialistes de l’eau potable ainsi qu’une consultation publique. Ce processus s’échelonne parfois sur plusieurs années et peut mener à la confirmation ou la modification de recommandations existantes, ou encore à l’adoption de nouvelles recommandations.

Les Recommandations pour la qualité de l’eau potable sont établies pour les contaminants qui répondent à tous les critères suivants :

• Une exposition au contaminant pourrait avoir des effets néfastes sur la santé humaine;
• Le contaminant est souvent détecté dans les systèmes d’approvisionnement en eau potable du Canada, ou on s’attend à l’y trouver;
• La concentration à laquelle le contaminant est ou pourrait être détecté dans l’eau potable est susceptible d’avoir des effets sur la santé humaine.

Les recommandations indiquent généralement une concentration maximale acceptable (CMA) d’un contaminant dans l’eau potable, fondée sur des données scientifiques probantes concernant les effets du contaminant sur la santé humaine ainsi que sa voie d’exposition et l’intensité d’exposition les plus probables (p. ex., la consommation d’eau quotidienne). La CMA est établie à une concentration qui convient aux personnes vulnérables comme les nourrissons et les enfants, ce qui permet d’assurer la protection de tous les Canadiens.

Il est possible d’établir d’autres critères, comme des objectifs d’ordre esthétique, qui visent à faire en sorte que l’eau paraisse buvable pour les consommateurs (p. ex., sur les plans de la couleur, de l’odeur et du goût), et des considérations opérationnelles lorsqu’une substance, comme l’aluminium, peut nuire à un procédé ou au système de distribution d’eau. Santé Canada rédige aussi des documents d’orientation sur les paramètres de la qualité de l’eau ou sur des contaminants qui ne nécessitent pas une CMA clairement définie, mais pour lesquels des recommandations supplémentaires sur les opérations, l’évaluation des risques ou le traitement de l’eau (p. ex., la prévention de la corrosion et les évaluations quantitatives du risque microbien) sont pertinents.

Processus de mise à jour des recommandations

Les recommandations sont révisées périodiquement pour déterminer s’il faudrait y intégrer des changements dans les données scientifiques probantes sur les effets des contaminants sur la santé, les taux d’exposition et les traitements à effectuer. Parfois, des changements apportés dans les recommandations d’autres pays déclenchent un processus de révision des recommandations canadiennes. La fréquence des mises à jour portant sur les paramètres chimiques dépend de l’ordre de priorité des substances chimiques, qui font l’objet d’une révision par Santé Canada tous les quatre ou cinq ans. Les données probantes sur les contaminants microbiologiques et sur les considérations opérationnelles sont, quant à elles, évaluées dès leur publication. Durant le processus de révision, on peut confirmer la CMA, l’augmenter ou la réduire, ou encore la retirer des recommandations. On peut également ajouter de nouveaux paramètres si ceux-ci répondent aux trois critères énumérés ci-haut.

Changements apportés aux recommandations depuis 2020

Les Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada ont connu plusieurs mises à jour depuis 2020. Le tableau 1 en présente les éléments-clés :

Tableau 1. Changements apportés aux recommandations depuis 2020

En plus des changements énumérés dans le tableau 1, plusieurs documents d’orientation (2021) sont désormais consultables:

• Conseils sur l’utilisation des entérocoques comme indicateur dans les sources d’approvisionnement en eau potable canadiennes (2020)
• Conseils sur la matière organique naturelle dans l’eau potable (MON) (2020)
• Aperçu des aspects microbiologiques de la qualité de l’eau potable (2021)
• Document de conseils sur les aspects liés à la température de l’eau potable (2021)
• Conseils sur la surveillance de la stabilité biologique de l’eau potable dans les réseaux de distribution (2022)
• Conseils sur les agents pathogènes d’origine hydrique dans l’eau potable (2022)

La liste complète des Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada permet d’accéder à un résumé de tous les paramètres microbiologiques, chimiques, physiques et radiologiques actuels et donne une vue d’ensemble des changements apportés. Généralement, les organismes provinciaux et territoriaux ont le choix d’adopter ou non les recommandations et gèrent la manière dont ils les intègrent à la réglementation régionale relative à l’eau potable. Cette décision a des effets tant sur les responsables des services des eaux municipaux que sur ceux des petits réseaux d’eau potable, ainsi que sur les personnes chargées de la surveillance de chacun de ces réseaux. Chaque nouvelle recommandation ou baisse de la CMA (qui mènent à un resserrement des mesures) peut nécessiter des démarches pour ceux qui souhaitent les appliquer et une recherche de solutions lorsque la nouvelle CMA n’est pas respectée. Les autorités sanitaires peuvent travailler avec les services des eaux pour effectuer la revue des données historiques de surveillance si celles-ci ont été collectées, ou collecter de nouvelles données de référence pour identifier les sources d’approvisionnement de chaque collectivité et les collectivités qui seraient exposées à une concentration de contaminants excédant la CMA. Les autorités prennent parfois des mesures supplémentaires pour protéger les sources d’eau de certains contaminants, changer le protocole de traitement de l’eau, établir de futures mesures de surveillance, renseigner la population sur les effets potentiels des contaminants sur la santé humaine et soutenir les propriétaires de services d’eau privés qui auraient besoin de conseils ou d’aide pour évaluer la qualité de leur eau. 

À venir

Les plus récentes consultations sur les recommandations, qui doivent se terminer en 2023, ont eu pour objet la révision de la CMA de l’antimoine, la rédaction d’une version préliminaire d’un document d’orientation sur l’échantillonnage et les mesures d’intervention pour le contrôle de la corrosion dans le but de correspondre aux changements de CMA pour le plomb présent dans l’eau potable (2019) et la proposition d’un nouvel objectif de 30 ng/l pour l’exposition totale aux substances perfluoroalkylées et polyfloroalkylées (SPFA). À la fin de ces consultations, la population sera informée des propositions qui auront été adoptées telles quelles et de celles qui nécessiteront des modifications. Le tableau 2 présente certains des paramètres chimiques qui pourraient faire l’objet de mises à jour ou de la rédaction de documents d’orientation ou de recommandations dans les prochaines années.

Tableau 2. Paramètres en cours de révision

Les propriétaires et les exploitants de réseaux d’alimentation en eau ainsi que les praticiens en santé publique qui assurent un rôle de surveillance de ces réseaux peuvent obtenir des renseignements sur les nouvelles consultations sur le site de Santé Canada et s’abonner au bulletin d’information électronique pour recevoir une mise à jour lorsque des nouveautés sont affichées sur le site de la qualité des eaux de Santé Canada. Cette démarche permet aux praticiens d’être avisés immédiatement lorsqu’une nouvelle consultation est lancée ou qu’une recommandation est mise à jour. Demeurer au fait des nouveautés donne la possibilité aux responsables de la santé publique de se préparer tôt aux éventuels changements et de collecter des données probantes sur les collectivités susceptibles d’être touchées par ces changements.

Renseignements sur les contaminants 

Pour en savoir plus sur les Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada, les documents de consultation ou les contaminants (fiches de renseignements Parlons d’eau), consultez les rapports et publications sur la qualité de l’eau de Santé Canada ou adressez-vous à l’organisme provincial ou territorial responsable de l’eau potable dans votre région.

Pour consulter d’autres ressources du CCNSE sur l’eau, rendez-vous sur les pages de nos guides thématiques :

• Petits réseaux d’eau potable et puits privés
• Lignes directrices pour l’eau potable et gouvernance
• Legionella
• Eaux côtières, eau douce et autres espaces récréatifs où l’eau n’est pas traitée
• Les cyanobactéries en eau douce
• La présence de plomb dans l’eau potable