Réflexions sur le soutien au bien-être psychosocial d’une collectivité après une inondation

Aider à s’occuper des enfants. Prendre le temps d’établir des liens de confiance. Faciliter les échanges entre les provinces et les groupes locaux. Envoyer des bénévoles capables d’offrir des premiers soins psychologiques. Organiser un partage de connaissances. Voilà des exemples de gestes axés sur les relations qui favorisent le bien-être psychosocial des collectivités touchées par une inondation, selon les panélistes et les professionnels du rétablissement psychosocial après une catastrophe réunis pour notre dernier webinaire. La mise en commun de leurs expériences a alimenté deux rapports récents sur les répercussions d’une inondation et sur le soutien du rétablissement psychosocial et en santé mentale :
- Impacts psychosociaux et priorités à l’échelle communautaire après un épisode d’inondation au Canada : rapport préliminaire
- Guide des pratiques d’intervention et de rétablissement psychosociaux dans les collectivités du Canada après un épisode d’inondation
Dans le présent billet de blogue, nous résumons la discussion tenue dans le cadre du webinaire avec quatre professionnels du rétablissement après une catastrophe. Nous avons parlé de leurs expériences quant au soutien qu’ils offrent au pays pour favoriser le rétablissement psychosocial et en santé mentale. Nous proposons aussi des ressources sur les outils de rétablissement psychosocial d’une collectivité à la suite d’une inondation.
Sommaire de la discussion entre les panélistes
Ayant œuvré auprès de collectivités touchées par un épisode d’inondation, les quatre panélistes (voir encadré) comprennent les besoins qui leur sont propres et les moyens qui peuvent favoriser leur rétablissement psychosocial et en santé mentale. Pendant le webinaire, ils ont répondu à plusieurs questions de l’auditoire. Vous trouverez un résumé de ces questions et de leurs réponses ci-dessous. Nous les remercions chaleureusement pour leur temps et leurs paroles inspirantes!
Voici les panélistes avec qui nous avons discuté : |
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À partir de votre travail et de votre expérience, pourriez-vous donner des exemples de situations où les relations ont favorisé le rétablissement psychosocial d’une collectivité?
Les panélistes ont précisé que la confiance est un élément clé pour que la province soutienne efficacement des efforts de rétablissement menés à l’échelle locale. Margaretha a donné l’exemple de l’inondation de 2018 à Grand Forks, en Colombie-Britannique, où l’on a embauché et formé des gestionnaires de soutien de la liaison à même la collectivité, des gens que les personnes touchées connaissaient déjà et en qui elles avaient confiance.
« C’est très important de réunir en réseau tous ces groupes qui finissent par gagner la confiance des gens. […] Si vous sautez ces étapes et ne faites que fournir les ressources qui sont accessibles, vous ne répondrez pas forcément aux besoins exprimés par la collectivité. La création d’un tel réseau entraîne une action communautaire soutenue qui, elle, peut se traduire par une aide continue », a expliqué Graham.
Darlene a parlé de situations où la confiance manquait, et où c’est seulement après que son équipe ait fait du porte-à-porte et appris à connaître les gens que ces derniers ont commencé à aller aux séances d’information et aux groupes de soutien.
À quoi ressemble le rétablissement lorsque deux catastrophes se suivent de très près dans le temps?
Les panélistes ont souligné que le rétablissement psychosocial prend du temps et que, si deux catastrophes surviennent l’une à la suite de l’autre, cela peut avoir des effets dévastateurs sur les membres de la collectivité. Le rétablissement psychosocial peut alors se prolonger, surtout pour les personnes évacuées ou isolées. Quant aux intervenants, ils risquent fort d’être exténués, voire épuisés.
En revanche, lors d’une deuxième catastrophe, les collectivités et les organismes locaux peuvent mettre à profit les expériences, les relations et les compétences acquises pendant la première. Guy a expliqué que c’est ce qui s’est produit à Fort McMurray, touchée par les feux de forêt de 2016 puis par les inondations de 2020. La collectivité savait déjà un peu quoi faire, et on a pu, en 2020, intervenir plus rapidement.
Le financement du rétablissement après une catastrophe est souvent accordé pour un événement bien précis. Si plusieurs catastrophes surviennent en même temps, il peut être bénéfique d’assouplir les demandes et les ententes de financement. Graham précise que « même si le financement se rattache à une catastrophe, on peut l’utiliser pour s’attaquer aux situations plus urgentes dans la collectivité ».
En période d’inondation, comment vous assurez-vous d’entrer en contact avec les personnes les plus vulnérables, surtout celles sans logement?
Les panélistes reconnaissent qu’il peut être difficile de rester en contact et d’échanger avec des groupes rendus vulnérables par l’exclusion systémique et touchés de façon disproportionnée par l’inondation, notamment les personnes sans logement. Selon Margaretha, la capacité d’entrer en contact avec les membres de différents groupes dépend souvent de la force des groupes de travail ou comités de bien-être.
Il est important de s’associer aux agences qui ont déjà des liens avec la population à soutenir pour mieux comprendre ses besoins et pallier les répercussions qui frappent de façon inéquitable. Les ressources et l’aide qui viennent de la collectivité même sont les plus durables. Parmi les agences locales figurent divers organismes non gouvernementaux, comme les banques alimentaires, les centres d’hébergement et les associations multiculturelles. Parfois, ce sont les membres de la collectivité eux-mêmes qui mettent leurs semblables en contact avec un organisme de soutien psychosocial. Darlene le confirme : « Nous nous appuyons beaucoup sur l’entraide entre voisins. […] C’est une façon de faire très naturelle. »
Comment composez-vous avec l’inconnu?
Les panélistes ont parlé brièvement de leur façon de composer avec l’inconnu, parce que le webinaire tirait à sa fin. Ils ont quand même pu présenter quelques stratégies, comme le partage de connaissances, l’approche dynamique et souple et l’importance de gagner la confiance des gens et de tenir ses promesses.
Visionnez l’enregistrement du webinaire pour écouter la discussion du début à la fin.
Ressources supplémentaires
Les auteures remercient les personnes ayant assisté au webinaire qui ont transmis les ressources ci-dessous. Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive, mais plutôt d’un point de départ pour apprendre à favoriser le rétablissement psychosocial et en santé mentale après une inondation.
Community Tool Box
Site Web où le centre de santé et de développement communautaires de l’Université du Kansas propose conseils, outils et formations visant à renforcer les compétences de développement communautaire.
Préparation aux situations d’urgence
Sur cette page Web, le gouvernement de l’Alberta présente de l’information et des ressources qui préparent les familles aux situations d’urgence ou aux catastrophes.
Boîte à outils de la planification de la sécurité et du bien-être dans les collectivités
Le gouvernement de l’Ontario a créé cette boîte à outils pour aider les municipalités, les Premières Nations et leurs partenaires à créer, appliquer et évaluer des plans de sécurité et de bien-être.
Soutien psychosocial à la suite d’une inondation
Dans deux rapports, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge présente des mesures à prendre pour favoriser le rétablissement psychosocial et rehausser la résilience en milieu urbain, après une inondation.
Trousse de rétablissement en santé mentale et en bien-être (mise à jour prévue à l’été 2023)
Dans cette trousse, Gestion des urgences sanitaires (Colombie-Britannique) propose des ressources et des mesures à prendre à différentes étapes suivant une situation d’urgence ou une catastrophe. L’idée est de faciliter la planification et la tenue des activités de rétablissement psychosocial.
Auteures
Maxine Myre, Ph. D., est associée principale en recherche et politiques à PolicyWise. Elle dirige des projets relatifs au bien-être de l’enfant, de la famille et de la communauté qui intègrent particulièrement la participation à la vie de la collectivité, la mobilisation des connaissances et l’équité en santé.
Nicole Glenn, Ph. D., est gestionnaire de la recherche et des politiques à PolicyWise, où elle supervise des recherches communautaires mobilisant les connaissances en santé publique appliquée et dans le secteur social, ainsi que leur évaluation, avec une perspective d’équité critique.