Registres de refroidisseurs atmosphériques et plans de gestion de l’eau : des stratégies pour combattre la maladie des légionnaires

Problèmes de vaporisateurs
Les appareils qui pulvérisent l’eau peuvent augmenter le risque d’exposition à la bactérie Legionella par inhalation, et ainsi entraîner des affections graves comme la maladie des légionnaires, ou moins graves comme la fièvre de Pontiac, dont les symptômes ressemblent à ceux de la grippe. L’une des plus importantes flambées de maladie des légionnaires dans l’histoire canadienne est celle de Toronto en 2005, où 135 personnes sont tombées malades et 23 sont décédées. Au cours des dix dernières années, d’autres flambées importantes de la maladie sont survenues au Canada :
- Québec (Québec), 2012 : plus de 180 personnes touchées et 14 décès
- Surrey (Colombie-Britannique), 2018 : plus de 10 hospitalisations
- Moncton (Nouveau-Brunswick), 2019 : 16 cas et 15 hospitalisations
- London (Ontario), 2019 : 6 hospitalisations
Les cas signalés de légionellose sont en hausse au Canada et aux États-Unis; de nombreux facteurs pourraient être en cause, notamment l’amélioration des pratiques de diagnostic et de signalement, le vieillissement des infrastructures d’eau et le vieillissement de la population.
Les sources d’exposition comptent entre autres les pommes de douche, les spas et les fontaines décoratives, mais la majorité des décès associés à des flambées sont liés aux refroidisseurs atmosphériques. Toutes les flambées nommées précédemment ont été associées à ces refroidisseurs. Heureusement, la plupart des flambées causées par la bactérie Legionella peuvent être prévenues par une gestion plus efficace de l’eau des bâtiments. La mise en place de mesures de soutien de la santé publique pour établir la source des flambées et y remédier plus rapidement (p. ex., utilisation de registres de refroidisseurs atmosphériques), et l’augmentation de la capacité des propriétaires et des gestionnaires de bâtiments à réduire les risques par l’entremise de plans de gestion de l’eau peuvent contribuer à diminuer le nombre de cas de légionellose.
Legionella dans l’environnement bâti
Bien que Legionella soit naturellement présente dans l’environnement, les bâtiments sont la source d’exposition la plus fréquente. Les édifices possédant des systèmes de plomberie vastes et complexes peuvent offrir les conditions optimales à la survie et à la prolifération de la bactérie, notamment de l’eau à température élevée (p. ex., 25 à 50 °C), des zones stagnantes, une trop faible concentration de désinfectants résiduels et la présence de biofilms dans les contenants, les tuyaux ou les sorties d’eau rouillés où Legionella peut être à l’abri des désinfectants, et ainsi survivre ou se multiplier. Les personnes sont ensuite exposées par inhalation lorsque l’eau contaminée est aérosolisée par les refroidisseurs atmosphériques, les pommes de douche ou d’autres dispositifs produisant de la vapeur, de la bruine ou des gouttelettes comme les spas et les fontaines décoratives. Les refroidisseurs atmosphériques, souvent situés sur le toit des immeubles, utilisent de l’eau pour disperser la chaleur des bâtiments par l’évaporation dans l’atmosphère. La combinaison d’eau stagnante, de chaleur et de fines gouttelettes produites par évaporation qui peuvent être dispersées en hauteur créent les conditions idéales pour la prolifération et la diffusion subséquente de Legionella dans une grande zone.
Établir la source de contamination grâce à des registres de refroidisseurs atmosphériques
Les registres de refroidisseurs atmosphériques permettent d’établir plus rapidement la source d’une flambée, et les exigences relatives à l’entretien et à la surveillance réduisent le risque que la bactérie Legionella puisse survivre ou proliférer, diminuant ainsi le risque de flambée. La ville de Hamilton a été la première ville canadienne à exiger l’enregistrement obligatoire des refroidisseurs atmosphériques après des flambées en 2006 et en 2008. De plus, après la flambée de 2012 à Québec, de nouveaux règlements sont entrés en vigueur, rendant obligatoire l’enregistrement des refroidisseurs atmosphériques dans la province et exigeant des mesures d’entretien préventives et une surveillance régulière de Legionella pneumophila. Cette approche a diminué la présence de Legionella dans les systèmes d’eau des bâtiments, et a potentiellement réduit l’incidence de légionellose.
Par ailleurs, depuis la flambée à Moncton en 2019, les autorités demandent la création de registres pour les refroidisseurs atmosphériques.
La Ville de Vancouver, qui n’a jamais vécu de flambée importante, fait preuve de proactivité en créant des registres de refroidisseurs atmosphériques et en exigeant que tous les propriétaires de refroidisseurs et de condenseurs évaporatifs possèdent un permis d’exploitation à partir du 1er janvier 2020. Ce registre contiendra également toutes les fontaines décoratives à partir du 1er juillet 2020, et selon les nouvelles règles, une surveillance et un entretien préventif devront être effectués pour aider à réduire le risque de flambée.
Améliorer la gestion de l’eau
En plus des registres de refroidisseurs atmosphériques, les programmes de gestion de l’eau peuvent proposer des façons d’éliminer les conditions favorables à la survie et à la prolifération de Legionella dans les bâtiments. Il s’agit de cibler les principaux risques associés au système de plomberie du bâtiment et de prendre les mesures nécessaires pour atténuer ces risques. Il existe différentes mesures préventives, comme maintenir l’eau à des températures hors de la zone de prolifération idéale de Legionella (p. ex., maintenir les systèmes d’eau chaude à plus de 50 °C et les systèmes d’eau froide à moins de 25 °C), prévenir la stagnation de l’eau (p. ex., vidange hebdomadaire), s’assurer que les résidus de désinfection sont suffisants pour contrôler le biofilm (p. ex., 0,5 à 1,0 mg/l de chlore libre disponible avant l’utilisation de l’eau) et effectuer une surveillance régulière. Certains bâtiments, comme les hôpitaux, pourraient devoir prendre des mesures supplémentaires pour protéger leurs utilisateurs vulnérables : désinfection secondaire, vidanges plus fréquentes, mesures supplémentaires pour veiller au respect des exigences de température, etc.
Pour en savoir plus
Les ressources d’information et de formation peuvent aider les propriétaires de bâtiments, les gestionnaires d’établissement, les propriétaires et les exploitants de réseaux d’eau potable, les inspecteurs de la santé publique et les professionnels de la santé à élaborer et à mettre en œuvre des plans efficaces de gestion de l’eau. Par exemple, les Centers for Disease Control des États-Unis ont élaboré une trousse d’outils en ligne, et le Centre de Walkerton pour l’assainissement de l’eau de l’Ontario a rassemblé des ressources sur Legionella et offert la formation "Managing Legionella Risk in Buildings through Water Safety Management Planning" [Contrôle du risque de Legionella dans les bâtiments par la planification de la gestion de la salubrité de l’eau]. Le CCNSE a aussi publié une liste de ressources pertinentes récentes sur Legionella s’adressant au public et aux professionnels de la santé environnementale.
Pour en savoir plus, visitez notre page thématique sur Legionella et inscrivez-vous à notre webinaire à venir (en anglais seulement) "Strategies to combat Legionnaires’ Disease – Outbreak investigations and Preventive Policy" [Stratégies pour combattre la maladie des légionnaires – Enquêtes sur les flambées et politiques de prévention].
REMARQUE: Le CCNSE aimerait remercier Laura Zettler et Victoria Colling du Walkerton Clean Water Centre pour leurs précieuses contributions à la création de cet article de blog.