Flambée de grippe aviaire A(H5N1) au Canada en 2022

Depuis la fin 2021, de nouveaux cas de grippe aviaire se déclarent parmi les oiseaux sauvages et d’élevage dans le monde. Causée par un virus de la grippe de type A, la grippe aviaire n’est pas une nouvelle maladie : des flambées sporadiques sont survenues la plupart des ans ces deux dernières décennies. La montée des cas actuelle a cependant mené à des décès d’oiseaux et à l’abattage de plusieurs millions de volailles et d’oiseaux producteurs d’œufs au Canada. On s’inquiète de la propagation du virus, de sa surveillance au pays et des risques pour les humains.
Qu’est-ce que la grippe aviaire?
La grippe aviaire est un terme générique qui désigne des virus grippaux zoonotiques pouvant infecter diverses espèces d’oiseaux. Il existe de nombreux types et sous-types, qui présentent différents niveaux de pathogénicité. Certains, dont la grippe A(H5) et ses sous-types comme la grippe A(H5N1), se transmettent aisément entre espèces d’oiseaux et, à de rares occasions, passent des oiseaux infectés aux humains ou à d’autres mammifères. La grippe qui se répand actuellement au Canada est l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N1, qui a un taux de mortalité très élevé : jusqu’à 90-100 % des oiseaux infectés.
Où a-t-elle été détectée?
La récente flambée de grippe aviaire a été observée chez les oiseaux sauvages, domestiques et commerciaux du monde entier. À ce jour, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a rapporté des cas chez les volailles et les autres oiseaux dans la plupart des provinces, dans des lieux commerciaux et privés, le plus grand nombre de sites touchés se trouvant en Alberta et en Ontario. Au moment de la rédaction, le tableau de bord Highly Pathogenic Avian Influenza – Wild Birds recensait des cas chez environ 200 oiseaux sauvages, dont des pygargues à tête blanche, des oies des neiges, des corneilles et d’autres espèces. Deux renardeaux seraient aussi décédés d’une infection à la grippe A(H5N1) en Ontario, les premiers cas de grippe aviaire eurasienne chez les mammifères sauvages détectés en Amérique du Nord.
Quelle est la principale inquiétude?
La principale inquiétude est que la transmission du virus parmi les oiseaux sauvages, commerciaux et domestiques entraîne davantage de décès et nécessite l’abattage d’élevages infectés pour freiner la propagation. Il risque alors d’y avoir des répercussions majeures sur les producteurs commerciaux et les petits élevages de volaille, y compris les poulets élevés chez soi pour les œufs et la viande. Le virus peut se propager par contact direct entre les oiseaux infectés et sains de même que par les surfaces, la nourriture ou l’eau contaminées par les excréments, la salive ou les gouttelettes respiratoires d’oiseaux. La transmission est aussi possible d’une ferme à l’autre par l’intermédiaire des humains, par la contamination des bottes, des vêtements ou de l’équipement.
Le virus peut-il être transmis aux humains?
L’ACIA ne considère pas l’IAHP comme étant un enjeu de salubrité alimentaire, et le risque de transmission des oiseaux aux humains est très faible, surtout pour les personnes qui n’ont pas de contacts avec les oiseaux sauvages ou domestiques. Bien que la transmission aux humains soit rare, la propagation accrue parmi les oiseaux sauvages et la volaille augmente le risque d’exposition. La transmission se fait généralement par contact direct entre une personne (p. ex., un éleveur de volaille) et un oiseau infecté, et non par transmission interhumaine. Les personnes infectées par l’IAHP peuvent d’abord présenter de la fièvre et une toux, puis une maladie des voies respiratoires inférieures. Si les cas chez l’humain demeurent rares, leur taux de létalité est élevé selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Entre 2003 et 2021, l’OMS a recensé 862 cas de grippe aviaire A(H5N1) et 455 décès chez l’humain, ce qui donne un taux de mortalité cumulatif supérieur à 50 %. Une des flambées les plus importantes a eu lieu en Égypte au début 2015 avec plus de 125 cas et 33 décès humains.
Il y a eu un très petit nombre de cas récents de grippe aviaire A(H5N1) chez l’humain. Un cas a été détecté au Royaume-Uni en décembre 2021 chez une personne qui avait un grand nombre d’oiseaux domestiques, et un autre, aux États-Unis en avril 2022 chez une personne qui avait eu un contact avec de la volaille infectée. Aucun décès n’a été associé à la flambée actuelle jusqu’ici, et rien n’indique qu’il y ait un risque élevé pour les humains. Tous les cas d’infection humaine devraient être surveillés attentivement pour repérer des changements éventuels dans le virus et les modes de transmission.
Que peut-on faire?
Les mesures pour réduire la propagation de la grippe aviaire chez les producteurs commerciaux sont établies par les autorités de réglementation de l’industrie et les organismes fédéraux. Elles peuvent comprendre des mesures précises de biosécurité comme la protection des élevages contre l’exposition aux oiseaux sauvages, la déclaration des oiseaux malades ou morts, l’utilisation de protocoles d’hygiène et le dépistage par des organismes comme l’ACIA.
Les personnes qui ont un petit élevage ou des oiseaux de compagnie sur une propriété privée sont invitées à être proactives en prenant des mesures pour réduire le contact avec les oiseaux sauvages, maintenir un environnement propre, reconnaître et surveiller régulièrement les signes de maladie et mettre à l’écart les oiseaux malades. Comptent parmi les signes de maladie chez les oiseaux le manque de coordination, l’enflure autour de la tête, du cou et des yeux, le manque d’énergie, la toux, la difficulté à respirer ou les éternuements, la diarrhée et la mort subite. Le virus de la grippe peut rester contagieux pendant plusieurs jours dans les excréments d’oiseaux infectés et se disperser dans la poussière. Les personnes qui manipulent des oiseaux et de l’équipement ou qui nettoient les cages devraient maintenir une bonne hygiène des mains et ne pas emporter de chaussures ou de vêtements contaminés ni d’oiseaux malades dans leur lieu de vie.
Le public peut aider à réduire la propagation du virus en déclarant les oiseaux malades ou morts à l’organisme concerné (coordonnées provinciales et territoriales), en évitant le contact direct avec des oiseaux sauvages et en empêchant leurs animaux familiers d’entrer en contact avec des oiseaux sauvages vivants ou morts. La SPCA de la Colombie-Britannique a récemment conseillé aux membres du public de retirer leurs mangeoires à oiseaux pour réduire les points de congrégation et le risque que les oiseaux sauvages soient exposés aux excréments d’autres oiseaux s’ils mangent des graines tombées sous la mangeoire. Environnement et Changement climatique Canada n’a pas recommandé le retrait des mangeoires pour l’instant, mais suggère de les placer loin des volailles et animaux domestiques, et de les nettoyer régulièrement.
Surveillance de la propagation du virus et autres ressources
Plusieurs sites Web aident à surveiller le nombre de cas dans les élevages et chez les oiseaux sauvages au Canada. Voici une liste de ressources sur la grippe aviaire et de sites donnant des conseils aux personnes en contact avec des oiseaux :
Ressources canadiennes
- Tableau de bord Highly Pathogenic Avian Flu – Wild Birds (ECCC, RCSF et ACIA)
- État de réponse en cours aux détections d’IAHP, par province (ACIA)
- Carte : Zones de l’influenza aviaire hautement pathogène (ACIA)
- Fiche de renseignements – Influenza aviaire (ACIA)
- Biosécurité aviaire – Protection de la volaille et prévention des maladies (ACIA)
- Précautions à l’intention des bagueurs d’oiseaux, des aviculteurs et des centres de réadaptation des espèces sauvages (ASPC)
- Fiches d’information Réponses SST: influenza aviaire (Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail)
Ressources américaines et internationales
- What To Know About Bird Flu et Frequently Asked Questions about Avian Influenza (CDC)
- What should Local Health Departments Know About Avian Influenza: A Q&A with CDC (NACCHO)
- Defend the Flock – Resource Center (USDA)
- Fiche d’information : Highly pathogenic avian influenza virus A(H5N1) (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies)
- Grippe aviaire et autres grippes zoonotiques (Organisation mondiale de la Santé)
Citation
O’Keeffe J. Flambée de grippe aviaire A(H5N1) au Canada en 2022 [blog]. Vancouver, C.-B.: Centre de collaboration nationale en santé environnementale; 12 mai 2022. Disponible sur: https://ccnse.ca/content/blog/flambee-de-grippe-aviaire-ah5n1-au-canada-en-2022