[ARCHIVÉ] Revue systématique des systèmes de surveillance des zoonoses émergentes
[Ce contenu a été archivé. Nous archivons le contenu datant de 10 ans ou plus ou le contenu dont les preuves ou les directives évoluent rapidement et sont désormais obsolètes (par exemple, le virus COVID-19). Si vous avez des commentaires, veuillez nous contacter à ncceh@bccdc.ca.]
Notre revue systématique vise à aider les praticiens de la santé publique, qui prennent des décisions en cas de zoonose émergente, en synthétisant les données probantes disponibles concernant les initiatives de santé publique en matière de surveillance des zoonoses émergentes et les critères utilisés pour les évaluer.
En somme, on peut dire qu’une maladie infectieuse émergente (MIE) est une maladie qui apparaît dans une population ou dont l’incidence ou la répartition géographique croît rapidement. À l’échelle mondiale, le nombre de MIE a augmenté au cours des 50 dernières années. On estime que la proportion de MIE où un pathogène est transmis d’un animal à l’humain (« zoonose ») varie de 60 à 75 p. 100.
Les systèmes de surveillance de maladies diverses ont proliféré au cours des 50 dernières années, et un nombre beaucoup plus élevé d’entre eux ont visé les MIE au cours de la dernière décennie. Cela comprend la « surveillance syndromique », qui consiste en gros à recueillir de « nouveaux » types de données qui ne permettent pas de diagnostiquer une maladie, mais qui peuvent indiquer la première phase d’une épidémie. Des recommandations pour l’évaluation des divers types de systèmes de surveillance disponibles ont été publiées, mais peu d’attention a été accordée à la question de savoir si la surveillance des MIE nécessite un ensemble différent de critères de conception et d’évaluation.
Peu de systèmes de surveillance (17) ont été évalués dans la documentation revue par des pairs et parmi ceux-ci, seulement quatre avaient utilisé les résultats de l’évaluation afin de déterminer l’utilité de leur système pour détecter les maladies. Pour trois des quatre évaluations, le système visé était utile parce qu’il détectait l’épidémie sélectionnée tandis que l’autre évaluation concluait que le système n’était pas utile, n’ayant pu détecter l’épidémie sélectionnée. Sur les six évaluations relatives à la surveillance des événements de santé mentionnées dans la documentation non revue par des pairs dans le cadre du Programme canadien d'épidémiologie de terrain (PCET), seules trois concernaient de véritables systèmes de surveillance. Chaque rapport du PCET incluait une évaluation du système visé. Souvent, plusieurs critères d’évaluation étaient appliqués et variaient selon les attributs du système, la disponibilité des données et les objectifs particuliers de l’évaluation. Le critère d’évaluation le plus fréquent était la rapidité, suivie par l’acceptabilité, l’utilité et la pertinence.
Le sens de « surveillance » diffère dans la documentation en santé publique selon qu’il s’agisse d’animaux ou d’humains. La surveillance de la santé animale est souvent beaucoup plus passive, car la collecte des données et la déclaration des maladies animales et des zoonoses chez les animaux ne sont pas aussi obligatoires légalement que pour l’humain, surtout en ce qui concerne la faune et la flore sauvages. Ni les instances responsables de la santé humaine, ni celles chargées de la santé animale n’ont présentement le mandat clair de comparer les données relatives aux maladies animales et humaines de façon intégrée. Pourtant, un tel mandat serait déterminant dans le développement et le maintien de leurs initiatives. La surveillance des zoonoses est une activité multidisciplinaire qui touche notamment les pratiques et les politiques en matière de santé environnementale et de santé publique. La collaboration entre ces domaines est encore plus importante pour la surveillance des zoonoses émergentes, car la détection des nouvelles maladies se fonde sur les rapports de divers types de praticiens de première ligne, de professionnels de la santé publique et de chercheurs. On note actuellement une tendance vers l’intégration des données humaines et animales dans les initiatives de surveillance.
Recommandations : Les organismes gouvernementaux et les programmes de formation en épidémiologie devraient favoriser la publication des rapports d’évaluation de la surveillance dans la documentation revue par des pairs. Il serait souhaitable d’effectuer d’autres recherches sur la science de la surveillance, qui a besoin d’être étudiée, définie et normalisée. Les systèmes de surveillance devraient comprendre une composante d’évaluation. Enfin, le rôle de l’inspecteur en santé publique dans la surveillance des zoonoses émergentes pourrait être précisé et inclus dans l’établissent de tels systèmes.