Un air de meilleure qualité pour des collectivités en santé, pendant et après la pandémie : le CANUE
Les bouleversements dans nos vies qui ont accompagné la pandémie de COVID-19 nous touchent profondément et continueront de le faire. Il y a d’abord les changements évidents, comme la réduction des déplacements et des interactions sociales, qui s’accompagnent de nombreuses heures passées à l’intérieur. Maintenant que nous nous habituons à des mesures de santé publique comme l’éloignement sanitaire, nous nous ennuyons probablement tous de nos communautés physiques dans les villes, banlieues ou villages. Alors que la situation évolue, nous devons nous aussi nous adapter à la « nouvelle normalité ». Profitons de ce moment pour réfléchir à nos collectivités et à leur planification.
Au Canada, plus de 80 % de la population vit aujourd’hui en milieu urbain, et cette proportion est en augmentation partout dans le monde. La densité urbaine s’accompagne d’interactions et de partages complexes entre les individus. Elle offre aussi une quantité importante d’occasions pour optimiser et améliorer la santé et le bien-être des personnes et de la population.
Avec l’arrivée de la COVID-19, on respecte probablement plus que jamais les connaissances en santé publique. Le Canadian Urban Environmental Health Research Consortium (CANUE) fait partie de la Dalla Lana School of Public Health de l’Université de Toronto et est financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Le CANUE est un consortium national rassemblant des chercheurs de nombreux établissements universitaires et gouvernementaux qui entretient activement des liens avec différents partenaires, comme l’Institut canadien des urbanistes, Santé Canada, le CCNSE et les équipes de recherche supervisant de grandes études de cohortes, notamment l’étude CHILD et l’étude CanPATH. Nos experts s’intéressent largement à la santé environnementale et à l’inclusion de la santé dans l’urbanisme pour les collectivités. Notre expertise porte sur six domaines :
- Qualité de l’air
- Bruit
- Verdure ou espaces verts et bleus
- Climat et conditions météorologiques extrêmes
- Transport et facteurs des quartiers (comme le potentiel piétonnier)
- Environnement alimentaire et conditions socioéconomiques
Cet article se penchera brièvement sur l’un de ces six domaines : la qualité de l’air. Bien que l’air au Canada soit relativement pur, la qualité de l’air pose toujours des risques, surtout comme conséquence de la congestion urbaine. La pollution de l’air par les véhicules nous touche tous : un Canadien sur trois habite à 250 mètres ou moins d’une route importante et sont donc exposés aux émissions des véhicules, qui sont associées à différents problèmes de santé, comme la sensibilisation allergique en bas âge, l’athérosclérose ou la démence. La planification future des villes et de leurs infrastructures de transport devra clairement tenir compte des conséquences complexes d’une circulation trop importante, comme la perte de temps, la réduction de la productivité et le stress liés aux embouteillages, au bruit et à la qualité de l’air. Le CANUE recueille des données sur de nombreux polluants, principalement le NO2, les MP2,5 et l’O3, et le groupe de travail sur le transport est prêt à guider la recherche sur les effets et les solutions.
L’amélioration de la qualité de l’air est l’une des rares conséquences positives de la pandémie de COVID-19. Des images satellites ont montré une réduction marquée des concentrations de NO2 en milieu urbain partout dans le monde maintenant que les déplacements en voiture ont grandement diminué, comme le montrent des images récentes préparées par des membres du CANUE de l’Université de Montréal. Au Southern Ontario Centre for Atmospheric Aerosol Research, un autre partenaire important du CANUE, les données de surveillance de base – le nombre de voitures sur les routes et les polluants dans l’air – sont évaluées chaque jour. Elles offrent un aperçu quantitatif de l’amélioration de la qualité de l’air à certains endroits à Toronto – qui est d’environ 50 % –, ce qui vient confirmer les changements qualitatifs observés depuis l’espace. Toutefois, dans les deux cas, il faut tenir compte du rôle des changements météorologiques et de la disponibilité des données. La mesure par satellite des polluants dans l’air a grandement fait avancer la compréhension de la pollution de l’air et de son l’Université Dalhousie
L’existence d’une plateforme de données environnementales complète, à jour et centralisée se révèle être un avantage même dans la lutte contre la COVID-19. Les données accessibles rapidement par le portail du CANUE sont vite arrivées dans les mains de nombreux chercheurs, notamment ceux de Santé Canada et de l’Université de Toronto, qui travaillent à vérifier les constats selon lesquels la pollution de l’air serait liée au nombre de cas de COVID-19 particulièrement élevé aux États-Unis. Bien que ce ne soit pas la priorité immédiate pendant cette pandémie, il serait important de savoir si la pollution de l’air accroît la vulnérabilité au coronavirus, afin de limiter les éclosions et de protéger les gens. Comme Sarah Henderson l’a mentionné dans son dernier article du blogue CCNSE, il y a de nombreuses raisons de craindre les effets d’une combinaison de la fumée de feux de forêt et de la COVID-19.
Nous sommes tous impatients de reprendre notre vie collective dynamique. Engageons-nous tous à la rendre meilleure. La quantité, la qualité et la disponibilité des données environnementales nous donnent la technologie pour le faire, et c’est en partie grâce au CANUE. Joyeux 50e Jour de la Terre!
À propos de l’auteur et du CANUE
Jeff Brook, Ph. D., est directeur scientifique du CANUE et professeur adjoint à l’Université de Toronto. Il a été chercheur principal à la division Recherche et science sur la qualité de l’air d’Environnement et Changement climatique Canada. Le principal objectif du CANUE est d’améliorer la compréhension scientifique des interactions entre les éléments physiques de l’environnement urbain, individuellement et en combinaison, leurs effets sur la santé et la façon dont on peut les modifier pour améliorer la santé. Suivez le CANUE sur Twitter : @CANUEConsortium.
(Photo d’Alexander Popov sur Unsplash)