Les microplastiques

Les microplastiques sont des particules de plastique dont la taille peut aller de l’épaisseur d’un cheveu à 5 mm. Ils viennent de sources pétrochimiques et peuvent être fabriqués intentionnellement ou créés accidentellement. Les microplastiques fabriqués peuvent servir à la conception de produits de soins personnels et de nettoyage. Quant aux microplastiques d’origine accidentelle, il peut s’agir de petites fibres provenant de tissus ou de vêtements ou des particules issues de la dégradation d’articles comme un sac ou une bouteille de plastique ayant été exposés au soleil, au vent, à la pluie ou à des vagues.
Pourquoi les microplastiques sont-ils un enjeu de santé publique?
Les microplastiques sont de nouveaux contaminants préoccupants en raison de leur présence répandue dans l’eau douce et les environnements terrestres et marins du Canada et du monde entier. Certains passent dans les égouts et les usines de traitement des eaux, puis sont rejetés dans les rivières, les lacs et les océans, où ils pénètrent dans la chaîne alimentaire des animaux aquatiques. D’autres pénètrent dans le sol, notamment par le lixiviat des sites d’enfouissement ou la mauvaise élimination de déchets comme les revêtements en plastique utilisés dans les serres. Certaines particules peuvent même entrer en suspension dans l’air.
La population peut être exposée aux microplastiques de diverses façons. Des microplastiques ont été détectés dans des poissons, des mollusques et des crustacés destinés à la consommation et, récemment, des chercheurs en ont trouvé dans des bouteilles d’eau de diverses marques. Les gens peuvent également être exposés en avalant accidentellement des produits de soins personnels comme du dentifrice, ou en appliquant des produits contenant des microbilles sur leur peau.
L’exposition aux microplastiques est associée à des risques potentiels pour la santé humaine, car ils contiennent diverses toxines pouvant nuire à la santé, comme le benzène, le xylène, l’éthylène, le propylène et leurs dérivés. Des produits chimiques sont également ajoutés au plastique durant sa fabrication, notamment le bisphénol A, le bisphénols S et des phatalates. Lorsqu’il se dégrade, le plastique libère des composés toxiques comme des hydrocarbures aromatiques polycycliques et des polybromodiphényléthers. Bon nombre de ces produits chimiques sont réglementés en raison de leur capacité à perturber le système endocrinien – ils peuvent nuire à la croissance, au développement, au métabolisme ou à la reproduction – ou de leur potentiel cancérogène. Par ailleurs, le plastique attire des bactéries, des virus et d’autres organismes pathogènes pouvant croître sur sa surface.
Qu’ignorons-nous au sujet des microplastiques et de la santé humaine?
Nos connaissances sur l’effet nocif des microplastiques sur la santé humaine comportent de grandes lacunes.
· Quelle est la prévalence des microplastiques dans les divers environnements propices à l’exposition humaine? On retrouve des déchets de plastique dans tous les environnements naturels; toutefois, l’évolution exacte des microplastiques dans ces environnements et dans les chaînes alimentaires est méconnue.
· Quel est le risque de toxicité chez les personnes exposées?
La composition du plastique et la toxicologie des produits chimiques qui y sont associés sont bien connues, mais nous avons besoin de plus de données sur la quantité des produits chimiques présents dans le plastique avec lequel les humains entrent en contact ainsi que sur la mesure dans laquelle ces produits passent du plastique aux humains.
· Dans quelle mesure les humains sont-ils exposés aux microplastiques?
Il s’agit probablement là du plus grand facteur d’incertitude. Peu d’études portent sur les différentes manières dont les humains peuvent être exposés aux microplastiques.
Quelles mesures sont prises?
De nouvelles mesures axées sur les microplastiques ont été mises en œuvre dans divers pays :
· En 2017, le Canada a ajouté les microbilles à la Liste des substances toxiques : annexe 1. Les gels douche, dentifrices et exfoliants pour le visage contenant des microbilles seront interdits d’ici juillet 2018.
· En 2016, la France a banni les produits pour le visage sans rinçage contenant des microbilles.
· Aux États-Unis, la loi adoptée en 2015 pour des eaux sans microbilles [Microbead-Free Waters Act 2015] interdit « la fabrication, l’emballage et la vente de produits cosmétiques sans rinçage contenant des microbilles ».
· En Europe, certains fabricants de produits de soins personnels ont déjà volontairement remplacé les microbilles par des sels et des minéraux naturels.
Outre ces politiques et ces mesures de réglementation, des travaux de recherche sont actuellement menés afin d’améliorer les technologies. Par exemple, des études se penchent actuellement sur l’élaboration de traitements économiques des eaux usées capables de filtrer les particules de microplastique et d’empêcher leur libération dans les eaux de surface, certaines s’intéressent à la collecte, à la récupération et à la réutilisation des microplastiques, et d’autres sont axées sur la surveillance et la réduction de la production de déchets durant le cycle de vie des microbilles. En tant que consommateurs, nous pouvons utiliser moins de produits en plastique ou de produits contenant des microbilles en optant pour d’autres options lorsque c’est possible.