Les moustiques dans un contexte de changement climatique

Les moustiques sont les vecteurs de nombreuses maladies dans le monde entier. Toutefois, seules certaines espèces de moustiques peuvent être porteuses de maladies, et peu d’entre elles peuvent survivre aux hivers rigoureux du Canada. Parmi les quelque 80 espèces de moustiques connues au Canada, seule une petite proportion est porteuse d’agents pathogènes, dont le plus courant est le virus du Nil occidental (VNO). Des cas humains de VNO ont été signalés partout au Canada, à l’exception de Terre-Neuve et des territoires. D’autres maladies et pathogènes endémiques comme l’encéphalite équine de l’Est (EEE), le virus de Jamestown Canyon (VJC) et le virus Snowshoe hare (VSSH) ont été signalés en petit nombre. Des cas de EEE ont été confirmés seulement en Ontario jusqu’à présent, mais le VJC et le VSSH sont plus largement répandus au Canada, y compris dans les territoires. Bien qu’un certain nombre de cas d’infection par le virus Zika aient été détectées chez des voyageurs revenus de l’étranger, seule une des deux espèces capables de transmettre ce virus, Aedes albopictus, est établie au Canada. Jusqu’à présent, cette population reste modeste et touche une partie très limitée du Sud-Ouest de l’Ontario.
Les virus transmis par les moustiques se maintiennent dans la nature en suivant un cycle d’échange entre les moustiques femelles et des animaux hôtes spécifiques. Les moustiques peuvent ensuite transmettre le virus à l’homme et à d’autres mammifères comme les chevaux, qui sont considérés comme des culs-de-sac épidémiologiques, puisqu’ils ne peuvent transmettre à leur tour le virus, qui se trouve en quantité insuffisante dans leur sang.
Voies de transmission pour le VNO, l’EEE, le VCJ et le VSSH
Seules certaines espèces de moustiques jouent un rôle dans le cycle de transmission des maladies. Les moustiques vecteurs prédominants pour chaque maladie sont les suivants :
- VNO : Culex spp.
- EEE: Aedes vexans, Coquillettidia perturbans, Culiseta melanura
- VJC : Aedes spp., Culiseta spp., Anopheles spp.
- VSSH : Aedes spp., Culiseta spp., Anopheles spp.
La transmission de maladies par les moustiques est plus fréquente de la fin du printemps au début de l’automne, et toute personne passant du temps à l’extérieur durant cette période devrait prendre des précautions pour éviter les piqûres, en utilisant par exemple des insectifuges appropriés et en portant des vêtements et autres articles traités à la perméthrine. Dans le cas du VNO en particulier, les adultes de 50 ans ou plus et les personnes ayant une affection sous-jacente ou un système immunitaire affaibli sont plus susceptibles de développer une maladie grave.
Comme le climat est étroitement associé à l’aire de répartition écologique, à la dynamique des populations et à la dynamique de transmission des maladies des moustiques, les répercussions du changement climatique sur les maladies transmises par les moustiques suscitent une inquiétude croissante. Cela comprend à la fois les effets des températures saisonnières plus élevées et des événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses et les inondations, sur l’habitat favorable et la prolifération. Par exemple, plusieurs moustiques vecteurs exotiques, comme l’Aedes albopictus (associé au Zika, au chikungunya et à la dengue) et l’Aedes japonicus (associé au chikungunya et à la dengue) se sont établis au Canada à la suite d’une expansion de leur habitat vers le nord à partir des États-Unis et par le transport international. Le changement climatique affectera également l’aire de répartition favorable des hôtes aviaires et mammifères porteurs de ces agents pathogènes, ce qui aura un impact direct sur le cycle de transmission des maladies.
La gestion intégrée des moustiques (GIM) est généralement considérée comme la méthode de référence pour contrôler les populations de moustiques et prévenir la transmission des maladies. La GIM est une stratégie basée sur l’écosystème faisant appel à cinq méthodes fondamentales, qui jouent toutes un rôle essentiel dans une gestion efficace : 1) surveillance, catalogage et établissement rationnel de seuils d’intervention; 2) contrôle physique des habitats des moustiques par manipulation; 3) réduction des sources, lutte biologique et application d’insecticides ciblés; 4) tests d’efficacité des insecticides et de résistance; et 5) mobilisation régulière du public.
Les ressources présentées ci-dessous aideront les professionnels de la santé publique environnementale à comprendre ces aspects fondamentaux de la GIM, et attirent l’attention sur la littérature émergente qui examine l’impact du changement climatique sur les maladies transmises par les moustiques au Canada.
Surveillance des moustiques au Canada
- Virus du Nil occidental et autre maladie transmise par les moustiques – rapport national de surveillance (Gouvernement du Canada, 2022)
Cette page Web présente des rapports de surveillance des maladies transmises par les moustiques, et publie des mises à jour fréquentes au cours de l’été. Les rapports font le suivi du virus du Nil occidental et des virus du sérogroupe de la Californie dans les communautés humaines, ainsi que chez les chevaux, les oiseaux et les groupes de moustiques. - Surveillance du virus du Nil occidental (Gouvernement du Canada, 2022)
Cette page Web décrit les différents types de surveillance de la propagation du virus du Nil occidental chez l’humain, les oiseaux, les chevaux et les moustiques, tout en indiquant les différents partenaires impliqués dans la surveillance. - Mosquitoes Know No Borders: Surveillance of Potential Introduction of Aedes Species in Southern Québec, Canada (Lowe et al., 2021)
Cet article évalué par les pairs s’ajoute au nombre croissant d’études de surveillance des moustiques qui examinent l’expansion de l’aire de répartition de plusieurs espèces de moustiques vecteurs. L’étude a identifié un seul cas d’Aedes aegypti au stade de l’œuf, ainsi que la présence quasi généralisée d’Ochlerotatus triseriatus et d’Ochlerotatus Japonicas dans le Sud du Québec.
Guides pour la lutte biologique contre les populations de moustiques
- Best practices for integrated mosquito management (The American Mosquito Control Association, 2021)
Ce manuel fournit de précieux conseils sur les meilleures pratiques en matière de lutte contre les moustiques, y compris des ressources portant précisément sur la gestion de différentes espèces de moustiques. Bien que ce manuel couvre les espèces de moustiques endémiques aux États-Unis, de nombreuses recommandations restent applicables dans le contexte canadien étant donné que plusieurs espèces sont présentes dans les deux pays.
- Vector Control for Environmental Health Professionals (VCEHP) (Centers for Disease Control and Prevention, 2020)
Cette formation gratuite, conçue expressément pour les professionnels de la santé environnementale, met l’accent sur l’utilisation de la lutte antiparasitaire intégrée pour s’attaquer aux vecteurs de santé publique, tels que les moustiques, qui propagent des agents pathogènes.
- The Vector Control Tools & Resources (VeCToR) Toolkit 10 Essential Environmental Public Health Services (National Environmental Health Association, 2019)
Cette trousse offre des outils et des ressources aux professionnels de la santé publique environnementale pour améliorer la lutte antivectorielle dans leurs communautés.
- Manual on prevention of establishment and control of mosquitoes of public health importance in the OMS European Region (Organisation mondiale de la Santé, 2019) [en anglais seulement]
Ce manuel fournit des conseils pratiques pour prévenir l’introduction et l’établissement d’espèces exotiques de moustiques vecteurs, pour réduire le nombre d’espèces qui arrivent à s’établir et, enfin, pour contrôler la transmission locale des agents pathogènes. Les méthodes les plus récentes de contrôle des moustiques vecteurs sont également abordées.
Surveillance de la résistance aux insecticides et adaptation comportementale
- The need for practical insecticide-resistance guidelines to effectively inform mosquito-borne disease control programs (Namias et al., 2021)
Cet article évalué par les pairs donne un aperçu de l’analyse conventionnelle de la résistance aux insecticides et examine les différences entre la résistance observée en laboratoire et celle observée sur le terrain en raison de facteurs écologiques et de variations dans l’exposition aux insecticides. Il décrit également comment la résistance sur le terrain peut être mesurée avec plus de précision.
- Behavioural adaptations of mosquito vectors to insecticide control (Carrasco et al., 2019)
Cette revue décrit les adaptations comportementales des moustiques vecteurs en réponse à l’utilisation d’insecticides et fournit un cadre pour l’étude de ces comportements.
- Alternative strategies for mosquito-borne arbovirus control (Achee et al., 2019)
Cette revue résume les nouvelles stratégies alternatives de contrôle des moustiques, qui sont en cours de développement, et s’attarde particulièrement à l’amélioration des interventions pour lesquelles les moustiques ont démontré une adaptation comportementale ou une résistance aux insecticides. Ces stratégies comprennent entre autres la technique de l’insecte stérile (TIS), les nouveaux larvicides et l’infection des moustiques par Wolbachia spp.
- Current and Future Repellent Technologies: The Potential of Spatial Repellents and Their Place in Mosquito-Borne Disease Control (Norris and Coats, 2017)
Cette revue examine l’efficacité des insectifuges dans la prévention des maladies transmises par les moustiques et discute des mécanismes connus qui confèrent une résistance à ces produits, ce qui pourrait conduire à leur inefficacité au fil du temps. On y aborde également les nouveaux travaux de recherche explorant des techniques plus durables, notamment la réduction à la source, l’utilisation de larvicide et les pulvérisations résiduelles.
Mobiliser la collectivité
- West Nile Virus Communication Resources (Centers for Disease Control and Prevention, 2020)
Ce site Web fournit des fiches pratiques pour enseigner au public comment éviter les piqûres de moustiques et comment contrôler la prolifération de ces insectes.
- Using Social Media to Communicate about Mosquito Control (University of Florida, 2020)
Ce document explique comment utiliser efficacement les médias sociaux pour aider le public à comprendre les risques associés aux moustiques tout au long de l’année et en période de crise (par exemple, lors d’une catastrophe naturelle), tout en exposant les mesures de lutte contre les moustiques qu’on peut adopter chez soi.
- Prevent and protect: mosquito control messages for your community (Prevent & Protect, 2016)
Ce site Web propose des outils et des plans de cours conçus pour informer les populations locales sur les moustiques et la lutte contre ces derniers, avec des conseils supplémentaires pour la gestion des moustiques à la suite d’un événement météorologique extrême ou d’une épidémie. Les outils comprennent des messages et des graphiques prêts à l’emploi pour les médias sociaux. Bien que les informations contenues dans ce site Web se destinent principalement à la lutte contre les moustiques en Floride, de nombreux renseignements essentiels restent pertinents pour le public canadien.
L’impact du changement climatique sur les maladies transmises par les moustiques
- La santé des Canadiens et des Canadiennes dans un climat en changement : faire progresser nos connaissances pour agir (Santé Canada, 2022)
Le chapitre 6 de ce rapport résume l’impact du changement climatique sur les maladies infectieuses, la section 6.3 étant spécifiquement consacrée à l’écologie et à l’épidémiologie des moustiques et à la transmission des maladies par les moustiques, entre autres vecteurs.
- Climate and Health Responder Course for Health Professionals: Vector-borne disease (Global Consortium on Climate and Health Education, Health Canada, & National Oceanic and Atmospheric Association, 2022)
Ce webinaire, animé par la Dre Angelle Desiree LaBeaud de l’Université Stanford, explique comment le changement climatique influence la prévalence, l’incidence et la distribution des maladies à transmission vectorielle, dont le VNO, et explore les mesures que peuvent prendre les professionnels de la santé pour protéger les populations vulnérables et se préparer au déplacement du fardeau géographique des maladies à transmission vectorielle.
- Current and Projected Distributions of Aedes aegypti and Ae. albopictus in Canada and the U.S. (Khan et al., 2020)
Cet article évalué par les pairs examine dans le cadre de scénarios climatiques futurs la progression vers le nord d’habitats favorables pour Aedes aegypti et Aedes albopictus au Canada et aux États-Unis. Les résultats suggèrent que la plupart des États américains et certaines parties du sud du Canada conviendront aux deux espèces d’ici 2100.
- Augmentation du risque de maladies endémiques au Canada transmises par des moustiques en raison du changement climatique Ludwig et al., 2019)
Cet aperçu explique comment le changement climatique fera augmenter le risque de maladies endémiques transmises par les moustiques et comment la situation sera différente dans les milieux urbains et ruraux.
- Les changements climatiques pourraient-ils entraîner la propagation de maladies exotiques transmises par les moustiques au Canada? (Ng et al., 2019)
Cet aperçu résume les changements climatiques qui pourraient créer au Canada des écosystèmes propices à la survie des moustiques exotiques et les voies potentielles d’introduction des maladies exotiques transmises par les moustiques au Canada en raison du changement climatique.
- Assessment of the Probability of Autochthonous Transmission of Chikungunya Virus in Canada under Recent and Projected Climate Change (Ng et al., 2017)
Cet article évalué par les pairs examine le risque de transmission locale du virus Chikungunya au Canada selon des scénarios de changement climatique récents (1981‑2010) et futurs (2011‑2040 et 2041‑2070).
Cette liste n’est pas exhaustive. L’absence d’une source ne remet pas en question sa valeur.